Le prix Susanna Roth décerné à une dizaine de jeunes traducteurs du tchèque
Le Centre tchèque et le Centre de la littérature tchèque organisent depuis six ans le concours international de traduction Prix Susanna Roth, à destination des jeunes talents de la traduction. Cette année, 104 traducteurs du tchèque issus de 13 pays ont participé au concours, et 13 d’entre eux ont remporté ce prix. Parmi les lauréats de cette année, le Français Benjamin Hildenbrand que Radio Prague Int. a interrogé.
« Je m'appelle Benjamin Hildenbrand, je suis actuellement professeur de français à l'université, mais je suis surtout professeur d'histoire-géographie en français au Lycée slave d'Olomouc. Cela fait dix ans que je suis à Olomouc que j'ai connu grâce à un séjour Erasmus en 2004-2005. C'est là que j'ai rencontré ma future femme donc je suis revenu quelques années plus tard en République tchèque pour travailler. J'ai d'abord simplement enseigné le français au Lycée Božena Němcová de Hradec Kralové, puis j'ai trouvé ce poste au Lycée slave d'Olomouc. J'ai d'abord un diplôme d'histoire, donc c'était une opportunité pour moi de combiner les deux. »
Le prix Susanna Roth n'est pas le premier prix de traduction que vous avez remporté. En 2015, vous aviez déjà été lauréat du prix Václav Černý. Que représente la traduction au milieu de vos activité d'enseignement et de votre recherche doctorale ?
« C'est plus un loisir. J'ai d'abord appris la langue tchèque par obligation pour pouvoir communiquer ici. Petit à petit, je me suis amélioré et la première fois que j'ai essayé de traduire, ça m'a intéressé. Mais c'est plus un loisir, un 'koníček' comme on dit en tchèque. »
C'est certes un loisir, mais que vous confrontez dans un cadre compétitif. Qu'est-ce qui vous a incité à passer le concours Susanna Roth ?
« Déjà quelque chose de technique : ce concours est réservé aux jeunes traducteurs de moins de 40 ans et moi, j'en ai 39. Donc c'était maintenant ou jamais. En outre, la façon dont se déroule le concours est intéressante car tout le monde traduit le même extrait. Cette année, il s'agissait d'un extrait du livre de Veronika Bendová, Vytěženej kraj. A la différence d'autres concours, le jury peut comparer la qualité de la traduction directement. Quand on choisit l'extrait que l'on veut, il y a forcément l'influence de l'extrait tchèque qui est choisi. Alors que là, tout le monde part sur un pied d'égalité. »
Comment avez-vous abordé la traduction de cet extrait du roman de Veronika Bendová ?
« Il faisait une vingtaine de pages, ce qui correspondait à quelques chapitres. Je n'ai pas lu le roman entier, mais par rapport à l'extrait sélectionné, on comprend vite ce qui se passe et qui sont les personnages principaux. Cela m'a intéressé parce que ça se déroule dans la région de Most, dans le nord de la République tchèque. Je n'y suis jamais allé mais ça m'intéressait au niveau historique en raison de l'exploitation des mines, le déplacement de l'église sous le régime communiste. De ce point de vue, j'ai trouvé l'extrait très bien choisi. »
Avez-vous rencontré des difficultés de traduction ?
« Oui, mais je dois dire que globalement, c'est plus facile de traduire des textes actuels que des textes anciens. J'ai déjà essayé pour le concours Václav Černý de traduire une nouvelle de Ladislav Fuks, datant des années 1960. On voit à quel point la langue tchèque évolue comme toutes les langues. Je parle un tchèque plus moderne, donc c'est plus difficile de traiter un tchèque plus ancien. Malgré cela, il y avait quand même des problèmes dans ce texte de Veronika Bendová, notamment une expression 'cukrové domy'. J'ai demandé à beaucoup de monde ce que cela pouvait être, personne ne comprenait, pas même dans le contexte. J'ai traduit cela comme des 'maisons à sucre' parce qu'il y avait des usines qui fabriquaient du sucre dans cette région. En tout cas, j'aimerais beaucoup demander à l'auteure ce qu'elle voulait dire par là. Une rencontre avec cette dernière est prévue, mais avec le contexte actuel, nous ne savons pas quand cela aura lieu. Je pense que ce sera la première question que je lui poserai. »
Ce concours est assorti d'un prix qui est d'ordinaire un séjour en Tchéquie et un séminaire de traduction. Pour le coup, vous vivez en République tchèque. Mais qu'en sera-t-il du séminaire de traduction ? Aura-t-il lieu ?
« La dernière fois qu'on en a parlé avec le Centre tchèque, cela devait se dérouler en juillet. Il y a quand même des chances que cela ait lieu. Mais bien sûr, la situation actuelle complique tout. On attend les nouvelles et on avisera à ce moment-là. »