A Lille et à Paris, de la bière tchèque prête à couler à flots
Après le succès rencontré lors de la première édition l’année dernière, une nouvelle Fête de la bière tchèque se tiendra à Paris, vendredi 24 et samedi 25 septembre. Mieux même, l’assouplissement des restrictions sanitaires permettra, cette année, d’ouvrir l’événement au grand public. Avant cela, dès ce week-end, différentes micro-brasseries tchèques présenteront leur production et leur savoir-faire également au grand festival Bière à Lille. Cette présence tchèque en France pleine de mousse et de petites bulles est le fuit des initiatives de la société Les Bières tchèques, spécialisée dans l’import en France, comme l’explique son directeur général, Aleš Stejskal.
Aleš Stejskal, lorsque nous vous avions interrogé l’année dernière à l’occasion de la première édition de cette Fête de la bière tchèque à Paris, nous avions commencé par évoquer la partie du programme que vous aviez malheureusement été contraints d’annuler en raison des restrictions sanitaires. Cette année, les choses se présentent mieux pour la deuxième édition. Peut-on donc enfin parler d’une véritable fête ?
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« Oui ! Le programme s’étale d’ailleurs sur deux jours, et nous sommes effectivement très heureux de pouvoir inviter le grand public. La journée de vendredi sera d’abord réservée aux professionnels du secteur, mais ensuite, samedi, tous les curieux ou amateurs de bière et de culture tchèques seront vraiment les bienvenus (l'inscription est possible ici). »
Qu’avez-vous prévu pour le grand public ?
« La dégustation sera divisée en deux parties : tout se passera à l’ambassade de République tchèque vendredi, alors que le samedi, la fête aura pour cadre le Centre culturel tchèque. On y parlera de la culture de la bière avec des maîtres brasseurs, il y aura aussi le vernissage d’une exposition de très belles photos d’un artiste tchèque František Dostál, auteur d’un ouvrage intitulé ‘Jdeme na pivo’ – ‘Allons boire une bière’, et enfin la projection du film de Jiří Menzel ‘Postřižiny‘ – ‚Une Blonde émoustillante‘, une adaptation d’une nouvelle de Bohumil Hrabal qui est un des plus grands films tchèques sur le thème de la bière. Le thème du festival, c'est donc vraiment la bière et la culture qui l’entoure. »
Au-delà de toutes les restrictions en vigueur l’année dernière, quel bilan avez-vous fait de la première édition ?
« Le bilan a été positif, que ce soit pendant ou après. Nous avons quand même pu recevoir entre 120 et 130 professionnels de la bière : distributeurs, patrons d’établissements en CHR… Il y a eu aussi beaucoup de journalistes, podcasteurs, youtubeurs, influenceurs et autres blogueurs qui nous ont fait un retour très positif et ont publié des articles élogieux sur les produits présentés lors de la Fête. Malheureusement, nous n’avons pas pu recevoir plus de monde, et c’est pourquoi nous espérons accueillir quelque 200 personnes cette année à l’ambassade. Nous avons donc rempli les deux principaux objectifs qui étaient d’inviter des professionnels de la bière et de faire connaître la bière tchèque grâce aux journalistes. »
Une dizaine de brasseries de plus ou moins grande taille étaient représentées lors de cette première édition. Le plateau de brasseries est-il différent cette année ? Quelles sont les nouvelles productions qui seront présentées ?
« Nous avons maintenu le nombre de brasseries à dix, en raison du nombre de stands que nous pouvons installer de manière à ce que chaque brasserie puisse être présentée dans les meilleures conditions. L’année dernière, malheureusement, seules deux brasseries avaient pu faire le déplacement. Les autres ont donc été présentées par notre équipe commerciale. Cette année, le bilan est plus satisfaisant, puisque l’ensemble des brasseries se déplacent pour la Fête, avec notamment une nouveauté : la brasserie Matuška sera là. Nous n’avions pu la présenter que très brièvement l’année dernière. »
« Wild Creatures, des bières rares de fermentation spontanée au milieu des vignobles »
Matuška est une des brasseries craft les plus connues en République tchèque et elle a beaucoup contribué à l’essor des micro-brasseries que l’on observe depuis quelques années un peu partout en République tchèque…
« Effectivement, les brasseries Matuška et Permon sont là depuis une quinzaine d’années maintenant. Elles étaient déjà là au tout début du boom du craft en République tchèque. Les grandes brasseries et les brasseries traditionnelles ont été un peu secouées et elles ont été contraintes de s’adapter à cette nouvelle tendance du développement de la fermentation haute, qui est très intéressante. Cette année, nous présenterons donc, outre Matuška et Permon, quatre autres micro-brasseries que sont Chroust, Clock, Sibeeria et, autre grande nouveauté, Wild Creatures. Cette brasserie produit des bières de fermentation spontanée extraordinaires, à Mikulov, dans la région viticole de Moravie du Sud. Il y aura donc cette année six micro-brasseries et quatre brasseries plus traditionnelles. »
Cette brasserie de Mikulov propose une production entre la bière et le vin. Cet aspect peut-il séduire en France ?
« Oui, nous travaillons avec cette brasserie depuis bientôt un an sur le marché français. On distribue cette bière sur l’ensemble du territoire et les retours qui nous sont faits, sont très positifs. Le produit se vend bien. Les bières de Wild Creatures sont bien sûr inspirées du brassage belge, par les grandes brasseries spécialisées dans la production de bière de fermentation spontanée comme Cantillon. C’est un produit qui plaît beaucoup aux Français qui le connaissent, malgré son originalité. A Mikulov, la bière fermente dans un environnement et avec des levures indigènes qui sont impactés par les vignobles qui se trouvent tout autour de la brasserie. C’est vraiment un produit exceptionnel et très rare dans le monde brassicole. »
Dans votre communication vers la clientèle française, vous mettez beaucoup l’accent sur la tradition de la production de bière de type pils, mais à travers les brasseries que vous allez présenter, est-ce aussi important pour vous de montrer qu’il existe aussi des bières plus modernes aujourd’hui en République tchèque ?
« Oui, je pense que la lager – la ‘ležák’ comme on la désigne en tchèque -, à savoir donc la bière de fermentation basse, restera la plus fameuse des bières tchèques. Mais les brasseries modernes sont très tendance aujourd’hui un peu partout dans le monde et il y a d’ailleurs un véritable boom en France. Tout cela permet de démocratiser la bière tchèque auprès des consommateurs et des cavistes pour qui il est important de savoir que la bière tchèque aujourd’hui ne se résume pas à de la pils. Toutes les micro-brasseries produisent de la bière de fermentation haute, mais au-delà de cet aspect, toutes les micro-brasseries tchèques savent aussi faire de très bonnes lagers, et c’est important. On parle beaucoup à la fois de tradition et de modernité, et bien que ces micro-brasseries soient très modernes, elles n’arrêteront jamais de produire aussi différentes excellentes lagers. »
Vous avez évoqué le fait que toutes les brasseries ne sont pas représentées 'physiquement'. La pratique du français peut-elle être un obstacle pour les brasseries tchèques intéressées par le marché français ?
« Cela peut être un obstacle, mais c’est notamment pour cette raison, pour les aider, que nous nous sommes spécialisés dans la représentation de la bière tchèque en France. La langue peut effectivement être un frein ou un obstacle. Nous savons tous les connaissances qu’ont les Français des langues étrangères et celles qu’ont les Tchèques du français… Mais nous ne sommes pas seuls dans notre mission et il me faut d’ailleurs ici remercier les coorganisateurs de la Fête que sont le ministère de l’Agriculture tchèque, CzechTrade, CzechTourism et le Centre culturel tchèque à Paris. »
« De Lille à Marseille, le tour de France de deux brasseries tchèques »
Avant cette Fête à Paris, cinq brasseries tchèques participent au grand festival Bière à Lille (BAL) ce week-end. Dans quelle mesure cette participation est-elle importante à vos yeux ?
« Elle l’est beaucoup, car c’est une des premières fois que des brasseries tchèques participent à ce genre d’événement en France. Nous sommes donc très heureux de représenter ces cinq brasseries, et ce dans une région brassicole traditionnelle, le nord de la France, qui est très influencée par les brasseurs belges. C’est donc une joie, tout en sachant que faire la promotion et diffuser la bière tchèque précisément dans cette région représente aussi un grand défi. »
Entre ce festival à Lille et la Fête à Paris, les représentants de deux micro-brasseries resteront pour effectuer une sorte de tour de France. Quel sera leur itinéraire et quel programme leur avez-vous préparé ?
« Il s’agit des brasseries Permon et Sibeeria qui auront chacune un programme différent. Nos représentants commerciaux les accompagneront pour faire les fameux ‘Tap Takeover’, ce qui signifie qu’une brasserie généralement ‘craft’ occupe aves ses propres bières toutes les tireuses d’un bar ou d’un établissement de ce type. Sibeeria partira donc de Lille en passant par Paris, Lyon, Annecy et Marseille avant de revenir à Paris la veille de la Fête, tandis que Permon se déplacera plus vers l’ouest avec divers événements à Angers, Nantes et en Bretagne, avant de finir par un événement en commun sur deux ou trois bars à Paris jeudi soir prochain. »
Votre société emploie une dizaine de personnes. Dans quelle condition êtes-vous sortis de la crise marquée notamment par la fermeture des bars et restaurants ?
« Nous en avons bien sûr beaucoup souffert en 2020, puisque nous avons perdu plus de 50% de chiffre d’affaires par rapport à 2019. Nous constatons néanmoins que nous revenons maintenant plus ou moins aux chiffres que nous faisions avant. Nous rattrapons le retard en quelque sorte… Mais nous n’avons pas chômé pour autant pendant la crise. Comme toutes les entreprises de ce secteur d’activité, nous avons réfléchi, même si cela s’est fait sans visibilité. Il ne servait à rien d’attendre que cela passe, et c’est ainsi que nous avons développé d’autres projets. Nous avons aussi monté un nouvel entrepôt de redistribution en Vendée, où nous sommes installés. Nous croyons beaucoup au potentiel de développement et de diffusion du produit qu’est la bière tchèque. Et aujourd’hui, nous avons la confirmation que nous nous sommes bien préparés à l’après-crise. Les chiffres commencent à revenir à la normale, et nous sommes heureux de voir que nos efforts sont récompensés. »