Convois humanitaires et militaires, évacuation et rapatriement : le gouvernement tchèque passe à l’acte
Après avoir unanimement condamné l’attaque russe contre l’Ukraine, le gouvernement et la diplomatie tchèques ont joint les actes à la parole ce week-end, avec l’envoi d’équipement militaire destiné à l’armée ukrainienne, mais aussi l’organisation de trains humanitaires pour les réfugiés ukrainiens. Par ailleurs, le ministère des Affaires étrangères a finalement préféré évacuer les diplomates en Ukraine.
Bien que la République tchèque n’ait pas de frontière directe avec l’Ukraine, elle s’engage aux côtés de celle-ci. Ainsi, le gouvernement tchèque a approuvé et procédé ce week-end à deux envois d’armes et d’équipement militaire pour venir en aide aux forces ukrainiennes face à l’attaque russe. Dans la continuité de l’annonce d’un don de plus de 4000 obus d’artillerie fin janvier, alors qu’à l’époque les relations entre la Russie et l’Ukraine étaient déjà de plus en plus tendues, un premier envoi d’armes légères et de munitions pour une valeur totale de 188 millions de couronnes (plus de 7,5 millions d’euros) a tout d’abord été approuvé samedi. Les quelque 30 000 pistolets, 7000 fusils d’assaut, 3 000 mitrailleuses, plusieurs dizaines de fusils de précision et environ un million de munitions sont partis de République tchèque dans la nuit de samedi à dimanche et ont été livrés en Ukraine dimanche.
Lundi matin, l’armée tchèque a annoncé le départ, dans la nuit de dimanche à lundi, de 13 wagons d’équipement militaire destiné aux soldats ukrainiens. La composition de ce deuxième envoi en deux jours n’a pas été précisée, « pour des raisons de sécurité ». Le ministère de la Défense a cependant indiqué que sa valeur était d’environ 400 millions de couronnes (16 millions d’euros) et qu’il ne s’agissait pas d’armes légères, à la différence du premier envoi.
« Les chemins de fer viennent en aide »
Dans la nuit de dimanche à lundi, à la demande de l’Ukraine et en collaboration avec le ministère des Transports tchèque, c’est un autre type de convoi qui a également pris la direction de l’Ukraine, et plus précisément de la ville de Tchop, à la frontière slovaque. Il s’agit d’un train humanitaire contenant du matériel d’aide, et qui devrait ensuite revenir en République tchèque avec à son bord des femmes et des enfants fuyant la guerre dans leur pays.
La compagnie de chemins de fer tchèque České dráhy avait déjà fait partir deux trains humanitaires en direction de l’Ukraine, et ce dès vendredi. Avec à leur bord des médecins de la Croix Rouge, ils se sont rendus à la ville frontalière polonaise de Przemyśl, d’où l’un de ces deux trains est revenu en République tchèque avec 13 passagers ukrainiens, tandis que l’autre est resté sur place.
Vendredi, la société de chemins de fer České dráhy a annoncé que les citoyens ukrainiens, notamment ceux qui ont reçu l’avis de mobilisation et veulent rejoindre leur pays d’origine, pouvaient voyager gratuitement dans ses trains sur tout le territoire de la République tchèque.
Par ailleurs, l’initiative « Železnice pomáhá » (« Les chemins de fer aident »), à laquelle participent aussi bien les transporteurs ferroviaires tchèques public que privés, prévoit de faire circuler un train par jour, un train chargé d’aide matérielle dans le sens République tchèque – Tchop et qui ferait ensuite le trajet inverse avec plusieurs centaines de passagers. D’ailleurs, le premier train organisé dans le cadre de cette initiative a pris dimanche après-midi la direction de la République tchèque, avec à son bord 500 Ukrainiens fuyant la guerre dans leur pays.
Diplomatie évacuée, ressortissants en Biélorussie et Russie incités au rapatriement
Outre les mouvements de civils ukrainiens, ce week-end, le ministère des Affaires étrangères a finalement décidé d’évacuer l’ambassadeur tchèque en Ukraine Radek Matula et son équipe de l’ambassade de Kiev, ainsi que celle du consulat de Lviv. Il a par ailleurs appelé les ressortissants tchèques en Biélorussie et en Russie à rentrer en République tchèque.
En faveur d’une position « vigoureuse » de l’UE
Le ministre des Affaires étrangères Jan Lipavský soutient clairement la position tchèque en faveur d’une approche « claire, vigoureuse et lisible » de l’UE à l’égard de la Fédération de Russie. Une approche qui pourrait se concrétiser par la décision à l’échelle européenne de ne plus délivrer aux citoyens russes de visas pour les pays de l’espace Schengen, à l’image du ministère tchèque de l’Intérieur, qui l’a décidé dès vendredi. Ou encore, par l’exclusion de la Russie du système bancaire SWIFT. Le Premier ministre tchèque Petr Fiala a d’ailleurs demandé à son homologue polonais Mateusz Morawiecki d’appuyer, auprès du chancelier allemand Olaf Scholz, la demande de la République tchèque en faveur de cette exclusion du système bancaire essentiel pour les transactions financières internationales.