Roms d’Ukraine : les « réfugiés de la gare » déplacés dans un camp à Troja
Après avoir passé pour certaines deux semaines dans la Gare centrale de Prague dormant à même le sol, les familles de réfugiés roms d’Ukraine ont été déplacées ce week-end dans un camp dans le quartier de Troja. Officiellement, ils ne devraient pas y rester plus de 30 jours, en attendant d’avoir leurs situations régularisées.
Samedi après-midi, un premier bus transportant 16 personnes se gare devant le camp édifié en quelques jours par les pompiers de la ville. Pendant quelques secondes se toisent d’un côté les enfants et les femmes du convoi - car il n’y a presque pas d’hommes -, de l’autre les journalistes et leurs caméras.
On n’entend presque que le cliquetis des appareils photos braqués sur ceux appelés les « réfugiés de la gare ». Rapidement ils sont accompagnés à l’intérieur du camp. Les journalistes n’ont pas l’autorisation d’y pénétrer. D’ailleurs, des bâches noires autour des barrières empêchent désormais de voir.
Situé près du quartier cossu de Troja, le terrain choisi par la municipalité n’en est pas moins isolé. Un lopin de terre entre le périphérique et la colline Jabloňka. Pompiers, policiers et bénévoles de l’ONG Romodrom sont mobilisés pour organiser la vie sur place… et boucler le camp la nuit. Ce dispositif est inédit en République tchèque et il ne se veut pas pérenne a expliqué le ministre de l’Intérieur Vít Rakušan dans un entretien publié sur le compte Twitter du ministère vendredi dernier :
« Nous gérons un problème humanitaire spécifique, où des mamans avec leurs enfants sont assises par terre à la gare. A partir de ce moment-là, il faut trouver une solution qui n’est pas forcément plaisante, mais qui est effective. Les tentes sont chauffées, il y a des toilettes, et en outre, l’ONG Romodrom est sur place pour assurer la communication. Nous allons livrer plusieurs fois par jour de la nourriture et des boissons. Mais ce n’est pas là une solution permanente d’accueil des réfugiés en République tchèque. Ne seront logés ici que les personnes dont on attend l’identification officielle de la part des autorités hongroises. Nous ne mettons pas en place de camp de réfugiés, de ghetto. C’est temporaire et au regard de la loi, ce séjour ne peut pas durer plus de 30 jours. S’il est établi que certains ont la double nationalité ukrainienne et hongroise, ce sera du ressort de la Hongrie. S’ils sont ukrainiens, ils auront droit aux mêmes droits que tous les autres réfugiés venus d’Ukraine. »
Mais un mois pour régulariser la situation de ces centaines de réfugiés, sera-il suffisant ? Pour rappel, ces réfugiés roms viennent en majorité de Transcarpathie, une région d’Ukraine ceinturée par les frontières hongroises, roumaines, slovaques et polonaises.
Depuis 2011, Viktor Orbán délivre des milliers de passeports hongrois aux habitants de l’oblast afin de justifier l’existence d’une majorité ethnique hongroise. La double nationalité hongroise de ces réfugiés empêcherait donc la Tchéquie de leur accorder un visa d’urgence, la Hongrie appartenant à l’espace Schengen. Mais pour les associations de défense des droits des Roms, il s’agit d’une différenciation discriminatoire.