Un professeur spécialiste du droit constitutionnel à la tête du ministère de l’Education
Aujourd’hui 29 juin, Miloš Zeman va nommer Vladimír Balaš ministre de l’Education. L’avocat, professeur et député du mouvement STAN prévoit de continuer sur la lancée de ses prédécesseurs avec la « stratégie 2030+ ». Le point sur sa vision du développement du système éducatif tchèque.
Plus connu – et reconnu – comme spécialiste du droit constitutionnel que comme homme politique, Vladimír Balaš enseigne à la faculté de droit de l’Université Charles de Prague. Outre sa fonction de député au Parlement tchèque depuis les élections législatives de l’automne 2021, le nouveau ministre de l’Education est aussi chef de la commission d’arbitrage de la fédération tchèque de hockey sur glace. Par ailleurs, il est membre de la Cour permanente d’arbitrage de La Haye, mais aussi arbitre sur la liste du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements à Washington.
Prévoyant de renoncer à ses fonctions autres que celle de député, Vladimír Balaš souhaite continuer sur la même lancée que son prédécesseur, Petr Gazdík, qui a démissionné en raison de ses liens avec l’homme d’affaires Michal Redl, impliqué dans une affaire de corruption autour de la société de transports publics de Prague (DPP). Vladimír Balaš ne prévoit donc pas de changement de cap radical :
« Il ne faut pas s’attendre à une révolution, car les concepts de développement de l’éducation, et notamment la stratégie 2030+, me semblent bien mis en place. J’ai toujours dit que j’appréciais le système d’éducation nordique, et je pense que cette stratégie en est proche. »
« Je pense que les enfants d’aujourd’hui sont bombardés d’informations, et ils ne savent pas comment les traiter. Le modèle déjà prévu sous le ministre Plaga [ministre de l’Education du gouvernement Babiš, 2017-2021] me plaît ; il a fait ses preuves en Finlande, notamment. »
Des matières obligatoires… ou non ?
La « stratégie 2030+ » évoquée par Vladimír Balaš est un document clé pour le développement du système éducatif de la République tchèque au cours de la décennie 2020-2030. Selon les termes officiels, cette stratégie vise à « moderniser le système éducatif tchèque dans le domaine de l’enseignement primaire et secondaire, de l’éducation extrascolaire et non formelle et de l’apprentissage tout au long de la vie, de le préparer à relever de nouveaux défis et, en même temps, de s’attaquer aux problèmes qui persistent dans le système éducatif tchèque ».
Le prédécesseur de Vladimír Balaš, Petr Gazdík, estimait qu’XXIe siècle, il n’était pas nécessaire que les élèves tchèques mémorisent par cœur certains événements ni sachent, par exemple, énumérer les noms des princes et rois de la dynastie des Přemyslides. Ainsi la « stratégie 2030+ » part du principe que les enseignements sont trop larges, et elle remet donc en question le principe de matières obligatoires, notamment pour la seconde langue enseignée au niveau collège. Vladimír Balaš :
« Pour ce qui est de la question d’une deuxième langue étrangère obligatoire au niveau du premier cycle des études du second degré, les opinions divergent. Pour ma part, je n’ai pas encore d’opinion à ce sujet. Je pense cependant que la deuxième langue devrait être obligatoire dans certains lycées et dans l’enseignement supérieur. Néanmoins, je ne sais pas si cela est absolument nécessaire pour tous les élèves. »
Maturita : réforme de la forme
Quant au baccalauréat tchèque, la « maturita », Vladimír Balaš affirme sa préférence pour une forme d’examens répartis dans le temps plutôt que d’une épreuve finale :
« J’aime bien l’idée qu’il ne s’agisse pas d’un examen final, comme celui que j’ai moi-même passé, mais plutôt d’un contrôle continu, avec des obligations que l’élève aurait à remplir au fur et à mesure. C’est la voie qui a été ouverte par mes prédécesseurs, les ministres Plaga et Gazdík, et je pense que c’est l’une des choses que va soutenir le Premier ministre Petr Fiala. »
Vladimír Balaš prend ses fonctions alors que les syndicats des enseignants sont en alerte. Son opinion quant au salaire des enseignants est claire :
« Je pense que les salaires des professeurs doivent être maintenus à 130 % du salaire moyen. Néanmoins, la question est de savoir si cela est suffisant, car les temps changent et l’inflation est assez spectaculaire ; toutefois, les salaires moyens sont toujours les mêmes… Ils devraient pourtant suivre l’inflation. Je ne manquerai donc pas d’examiner comment les problèmes économiques et la crise énergétique affectent les enseignants, et je pense qu’il sera nécessaire de compenser également cette réduction des salaires – c’est-à-dire des niveaux de salaire réels. »
La nomination de Vladimír Balaš ne fait pas l’unanimité, même si les critiques admettent qu’il n’y avait en fait aucun candidat plus adéquat. Comme d’autres, le directeur du centre d’information sur l’éducation (EDUIN) Miroslav Hřebecký lui reproche son manque de connaissance de l’enseignement primaire et secondaire :
« Il vient de l’enseignement supérieur, mais le centre de gravité des problèmes actuels se situe dans l’enseignement primaire et secondaire. Il est nécessaire de comprendre en profondeur ce niveau d’enseignement ; pourtant, le nom de Balaš est inconnu non seulement dans le monde de la politique de l’éducation, mais aussi chez les personnes du mouvement STAN travaillant actuellement dans la politique de l’éducation. C’est assez révélateur. »
Un reproche que Vladimír Balaš ne dément pas, mais il estime néanmoins que ses connaissances de l’enseignement supérieur lui seront utiles dans ses nouvelles fonctions au ministère de l’Education.