Obus pour l’Ukraine : les Slovaques se mobilisent pour participer à l’initiative tchèque
Le nouveau gouvernement slovaque refuse de contribuer à l’effort de guerre ukrainien via une initiative tchèque – des milliers de citoyens slovaques en ont décidé autrement.
Près de deux millions d’euros donnés par près de 30 000 personnes en tout : ce vendredi midi, la campagne de financement participatif lancée il y a quatre jours en Slovaquie était déjà un franc succès et dépassait de loin les objectifs affichés au départ.
« Munitions pour l’Ukraine. Sans le gouvernement, nous les envoyons » est le slogan de cette collecte de fonds organisée par l’intitiative Paix pour l’Ukraine, dont fait partie Marián Kulich :
« Il est clair que les Slovaques veulent aider et ont terriblement honte de notre gouvernement pro-russe. Ils veulent contrebalancer cette honte à l’échelle européenne en contribuant à ce projet. »
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L’argent collecté doit alimenter le projet des autorités tchèques visant à mutualiser l’achat d’obus dans des pays tiers pour les fournir à l’armée ukrainienne. Une vingtaine de gouvernements ont déjà officiellement annoncé leur contribution à ce plan tchèque, mais pas le gouvernement slovaque dirigé depuis six mois par Robert Fico.
L’aide militaire à l’Ukraine et son rejet ont provoqué des remous dans la relation entre les gouvernements tchèque et slovaque ainsi qu’au sein du groupe de Visegrad. Car si les dirigeants tchèques et polonais sont favorables à un soutien sans faille à l’armée ukrainienne, du côté slovaque et hongrois la rhétorique est très différente et rappelle parfois celle en vogue au Kremlin.
Marián Kulich : « Les différents États ont rejoint cette initiative tchèque et cela ne nous convient pas que la Slovaquie ne le fasse pas, donc nous voulons y représenter la Slovaquie même si nous ne sommes pas le gouvernement, mais en tant que citoyens et activistes. La moitié de la Slovaquie est pro-européenne et soutient l’Ukraine pour qu’elle gagne dans sa lutte pour la liberté - nous souffrons d’avoir notre gouvernement actuel et c’était notre principale motivation. »
« Rejoindre l’initiative globale du gouvernement tchèque »
Cette initiative citoyenne slovaque, lancée par plusieurs personnalités dont un ancien résistant bientôt centenaire, a déjà dépassé la contribution annoncée par un pays tel que la Slovénie. Elle est organisée en collaboration avec l’initiative tchèque appelée Un cadeau pour Poutine et a déjà notamment permis par le passé de récolter plusieurs centaines de milliers d’euros pour fournir à l’Ukraine un véhicule de déminage de type Božena 5.
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Cette fois-ci, il s’agit donc de « rejoindre l’initiative globale du gouvernement tchèque ». Le Premier ministre tchèque, Petr Fiala, a déclaré lors de sa visite à Washington en début de semaine que Prague avait déjà signé des contrats pour 180 000 obus et était en train d'acheter 300 000 obus supplémentaires, à la suite d'importantes promesses de financement de la part de pays de l’UE et de pays tiers comme le Canada ou la Norvège.
Les premiers obus devraient arriver en Ukraine au mois de juin, a indiqué le chef du gouvernement tchèque. Dans son édition de vendredi, le journal Hospodářské Noviny s’inquiète du fait que les responsables politiques tchèques aient tendance à trop parler du sujet sans encore avoir les munitions en question, d’autant, note le quotidien économique, que « l'activité russe serait désormais visible parmi ceux avec lesquels les acheteurs tchèques négocient ».
Nous ferons le point sur cette initiative tchèque - évoquée jeudi sur CNN par le chef de l'État - sur nos ondes en début de semaine prochaine avec l’un des principaux responsables de ce projet d’achat d’obus.