Diplomatie brassicole : Petr Pavel désormais Chevalier du Fourquet des brasseurs belges
Ce vendredi à Prague, le président tchèque Petr Pavel est devenu Chevalier d’honneur dans l’Ordre du Fourquet des Brasseurs de l’association des brasseurs belges (Belgian Brewers). Il s’agit de la première fois dans l’histoire de la bière belge qu’un chef d’État étranger reçoit cet honneur. Ce geste symbolique souligne le rapprochement entre la Tchéquie et la Belgique, deux nations à la riche tradition brassicole. L’Association tchèque des brasseurs et malteurs (Český svaz pivovarů a sladoven, ČSPS) a organisé à Prague un sommet de deux jours réunissant les associations brassicoles et des brasseries de des deux pays. Krishan Maudgal est le président des Belgian Brewers :
« La consommation de bière en Belgique a tendance à diminuer ces dernières années et aussi pour la première fois l'année dernière, on a vu une diminution des exportations donc on s'est rendu compte que l’inscription de la culture de la bière en Belgique sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, cela impliquait quand même qu’il fallait expliquer aussi aux consommateurs qui nous sommes, quels sont les points différents par rapport à d'autres pays et à d'autres cultures de bière. Et on a entamé des missions. On est allé déjà aux États-Unis, au Canada, en Suisse, au Japon et maintenant nous sommes ici en Tchéquie, parce qu'elle est aussi évidemment considérée comme une des nations de la bière en Europe, très connue pour la Pils bien entendu. En Belgique, nous avons une réputation sur la bière spéciale et la diversité, les saveurs et le nombre de couleurs de bière. Et donc on essaie aussi de renforcer notre position ensemble globalement, et on aura donc une intronisation cet après-midi du président tchèque dans la confrérie des brasseurs belges. Donc c'est vraiment pour renforcer nos liens entre les deux pays de bières, les cultures de bière. »
Les Français parlent de la Hollande comme de « l'autre pays du fromage » - pour vous la Tchéquie, c'est « l'autre pays de la bière » ?
« Tout à fait, il y a bien entendu aussi l'Allemagne. Historiquement, nous sommes dans la ceinture de la bière en Europe, on peut partager l'Europe en trois catégories, la ceinture de la vodka, la ceinture de du vin et la ceinture de la bière. Cela correspond à des circonstances climatologiques parce que chez nous, on n'était pas capable de cultiver des raisins mais on avait beaucoup d'activités agricoles. La ceinture de la bière en Europe part de l'Irlande jusqu'en République tchèque. Chaque pays a vraiment ses spécificités, ses caractéristiques différentes. La Tchéquie, c'est vraiment le berceau de la bière Pils. Chez nous, c’est la diversité de la bière spéciale. On a plus de 1600 bières spéciales en Belgique. »
La brasserie Bernard a encore remporté le concours organisé dans la ville de Nepomuk jeudi, est-ce que vous avez pu goûter de cette bière gagnante ou est-ce que vous avez goûté des bières ici qui vous ont marqué déjà pendant votre séjour ?
« Absolument. On a pu découvrir des marques et des noms qui sont déjà bien établis comme Staropramen ou Pilsner Urquell mais on a aussi découvert vraiment des trésors, des bières venant de microbrasseries qui sont capables de brasser des bières excellentes. C'est ça aussi qui nous permet d'échanger entre brasseurs et de créer de nouvelles idées pour faire rayonner notre secteur, pas seulement belge mais aussi tchèque. On peut apprendre des deux côtés. »
Apprendre des deux côtés pour essayer d'enrayer cette baisse de la consommation de bière dans vos pays respectifs ?
« Absolument et surtout de soutenir et renforcer l'image de la bière. La bière, c'est quelque chose qui historiquement, pendant des siècles, a fait partie de notre vie, de nos activités culturelles, sportives, familiales etc. Donc oui, il faut absolument maintenir et toujours prendre en considération que la consommation doit être modérée et s'intégrer dans un style de vie sain. La lutte contre l'abus de l'alcool, nous plaidons aussi pour, mais cela ne veut pas dire qu’on peut lâcher carrément ce qu'on a construit pendant les siècles et c'est pour ça que la culture de la bière doit renforcer l'image de la bière, comme une boisson légèrement alcoolisée, mais quand même basée sur des matières premières naturelles dans un processus de brassage qui est vraiment inspiré par beaucoup de savoir-faire. Cela mérite quand même sa place et c'est quelque chose qu'on va défendre avec tous nos moyens. »
La chevalerie du Fourquet des Brasseurs - le président tchèque intronisé, apparemment, en tant que premier chef d'État étranger. Pourquoi lui ?
« Notre roi Philippe est aussi intronisé, notre princesse Astrid également, mais c'est vrai qu’à l'étranger c'est la première fois. Cela a bien entendu à voir aussi avec le fait que le président tchèque pour nous, c'est le symbole aussi un peu de cette coalition, cette alliance qu'on aimerait donc initier pour défendre vraiment la culture de la bière partout dans l'Europe. »
On parle souvent du houblon tchèque comme d'un des meilleurs du monde, notamment le houblon Saaz de la région de Žatec. Est-ce que des brasseurs belges l'emploient beaucoup et est-ce qu'il a aussi une belle réputation dans votre pays ?
« Absolument, je peux vous garantir qu'il y a des bières vraiment très connues, même des bières trappistes qui ont développé les arômes dans cette bière depuis des décennies et c'est entièrement avec une signature de houblon tchèque et notamment la variété Saaz, qui est très populaire aussi dans ce cadre-là. Donc c'est vraiment aussi quelque chose qui nous lie beaucoup. »