Palmarès de la 25e édition du Festival international du film documentaire de Jihlava
Le Festival international du film documentaire Ji.hlava vient de refermer les portes de ses salles de cinéma, après six jours de projections, de conférences, d’ateliers et de concerts. Cette année, quelque 300 films de plus de 60 nationalités différentes ont été projetés à un public lui aussi international. Parmi ces films, plus d’une centaine entraient en compétition dans différentes catégories. Voici les principaux documentaires primés à cette édition, qui marque un quart de siècle d’existence pour le festival.
« Opus Bonum » : une revue du cinéma documentaire contemporain du monde entier
La catégorie « Opus Bonum », qui présente une sélection de films révélateurs du film documentaire à l’échelle internationale, comprenait cette année 16 films. Parmi ceux-ci, c’est le film « Čiary », de Barbora Sliepková, qui a obtenu le premier prix. Filmé en noir et blanc, le premier film de cette réalisatrice slovaque oscille entre portrait intimiste de protagonistes en apparence aléatoires et témoignage critique de la société à propos de la transformation urbaine sur la vie au niveau communautaire et personnel. Le jury a particulièrement apprécié « l’inhabituelle façon de relier des concepts tels que la beauté, l’intime et l’espace, à l’aide d’un cadre filmique spécifique, qui pousse à réfléchir à l’expression visuelle des relations et des différends sociétaux et économiques au sein d’une société urbaine ». A noter que ce film a également été récompensé du prix de « meilleur design sonore ». En effet, une des nouveautés de cette 25e édition du festival Ji.hlava est l’attribution de prix dits « professionnels », qui récompensent donc le travail de design sonore, de caméra et de montage.
Dans la catégorie « Opus Bonum », le jury a également attribué un prix « régional », à savoir pour le meilleur film d’Europe centrale et de l’Est. C’est le film « You Are Ceaușescu to Me » qui l’a remporté. Ce film du réalisateur roumain Sebastian Mihăilescu raconte l’histoire d’étudiants qui réalisent un film à propos de l’ancien président du pays Nicolae Ceaușescu, et il offre une « reconstitution ludique de l’histoire de la Roumanie à l’aide de mises en scène qui ont recours à des éléments de reconstitution pour procéder à une analyse des metteurs en scène eux-mêmes à travers un récit-examen de conscience ».
A noter que ce film a également obtenu le prix de la « meilleure caméra » pour la catégorie « Opus Bonum ».
Prix « Joie tchèque » pour une histoire bosniaque pas toujours joyeuse
Dans la catégorie « Česká radost », 19 films documentaires tchèques étaient en compétition cette année. Le jury a estimé que le meilleur d’entre eux était la coproduction italo-tchèque « Bratrství » (« Brotherhood »), du réalisateur Francesco Montagner, qui suit sur plusieurs années le passage à l’âge adulte de trois frères bosniaques d’une famille de bergers, et qui se retrouvent quelque peu livrés à eux-mêmes après que leur père est condamné à deux ans de prison pour terrorisme. Une histoire touchante et troublante à la fois, et qui, selon le jury, ce film va au-delà du microcosme familial sur fond de paysages d’apparence idyllique, car il « ouvre des thèmes qui nous concernent tous ». Le cameraman de ce film, Prokop Souček, a obtenu le prix de « meilleure caméra ».
« Svědectví » : des témoignages sur la beauté de la nature
La catégorie « Svědectví » (Témoignages) présentait quant à elle 19 films traitant de l’état actuel du monde du point de vue de la nature, de la politique et de la connaissance. Cette année, c’est le film « How to Kill a Cloud » de la réalisatrice finlandaise Tuiji Halttunen qui a obtenu le premier prix. Ce film suit les tentatives d’influence sur la nature d’une météorologue finlandaise, et il présente les dilemmes étiques, politiques et scientifiques liés à son action.
« Fascinace » pour l’expérimental
Les catégories « Fascinace » et « Exprmntl.cz », qui présentent des films expérimentaux internationaux et tchèques, ont cette année accordé leurs prix aux films « In and Out a Window », de Dianna Barrie et Richard Tuohy, ainsi qu’au film tchèque « Beautiful Solution », d’Eliška Cílková.
Meilleur court-métrage documentaire
Dans la catégorie « Krátká radost », c’est le film « Open mountain », de la réalisatrice Maria Rojas Arias, qui a obtenu le prix du meilleur film court.
Prix du public
Le public du Festival international du film documentaire Ji.hlava a quant à lui plébiscité le film tchèque « Nebe » d’Adéla Špaljová et Tomáš Etzler. Ce documentaire très personnel offre, à travers l’exemple d’un orphelinat pour enfants handicapés, une histoire d’espoir sur fond de Chine contemporaine.
Prix pour la contribution à la cinématographie mondiale
Enfin, la réalisatrice tchèque Jana Ševčíková s’est vue attribuer un prix pour sa « contribution à la cinématographie mondiale ». Le directeur du festival, Marek Hovorka, a souligné « l’empathie profonde », « l’abandon du format filmique », la « vivacité » et « l’humanisme authentique » de la production « indépendante » de Jana Ševčíková, qui traite dans la plupart de ses films de communautés et de minorités religieuses ou ethniques dans différentes régions d’Europe ou du monde. Jana Ševčíková est actuellement en train de terminer son huitième film ; nul doute que celui-ci aura une place de choix dans la programmation du Festival du film documentaire Ji.hlava 2022.