Pour les chrétiens tchèques, Frère Roger est mort, mais son message reste bien vivant
L'annonce de l'assassinat de Frère Roger, fondateur et prieur de la communauté oecuménique de Taizé, a choqué les chrétiens de toute l'Europe et de République tchèque, et ce au moment même où la venue du pape Benoît XVI, pour son premier voyage officiel, était attendue avec joie, ce jeudi, à Cologne, pour les Journées mondiales de la jeunesse. Le drame qui s'est déroulé, mardi, lors de la traditionnelle prière du soir dans l'église de la Réconciliation, dans le petit village de Bourgogne, a également consterné Martina Huskova qui connaissait personnellement le Frère. Elle nous explique pourquoi, depuis les allées et venues des Frères de Taizé dans les pays de l'Europe de l'Est dans les années 1960, la communauté et le Frère Roger tenaient une place toute particulière dans son coeur et celui des chrétiens de son pays :
« Bien sûr, nous sommes très touchés par la mort de Frère Roger, personnellement surtout parce que ma famille avait une relation très proche avec la communauté et le Frère lui-même. Cela a commencé en 1969 avec la première visite des Frères. Ensuite, ils sont revenus plusieurs fois et apportaient toujours avec eux des textes écrits par Frère Roger. Mes parents, en tant qu'activistes catholiques, étaient sensibles à la vision qu'il avait d'une seule Eglise. Du coup, mon père a décidé de traduire ses textes, malgré l'interdit officiel, qui ont ensuite été publiés aux éditions Samizdat, c'est à dire la littérature non officielle distribuée aux gens qui étaient intéressés. J'ai donc vécu dans une famille qui était très engagée. Mais je suis aussi très touchée parce que Taizé a toujours été et reste un « domicile spirituel ». Cette année, j'avais rencontré Frère Roger. Il était vieux et avait l'air très fatigué, mais la force de sa personne et la force spirituelle qu'il dégageait restaient quelque chose de très touchant à vivre. Pour moi, il était un guide, il montrait comment vivre l'Evangile. Il était la preuve vivante que cela est possible, oui ! »
-Quel autre souvenir garderez-vous encore de Frère Roger ?
« C'était une grâce de pouvoir accueillir Frère Roger chez nous, dans notre maison, notamment lors de la Rencontre oecuménique européenne en 1990 organisée à Prague à laquelle ont participé des dizaines de milliers de jeunes de toute l'Europe. C'était une personne extrêmement modeste et très simple dans le sens noble du terme. Avec les autres frères, ils formaient une famille. Je suis sûre que la communauté des saints dont on parle dans la langue de l'Eglise catholique existe, c'est une réalité qui est déjà là. (Très émue) Frère Roger est mort mais, dans un sens, nous sommes toujours ensemble. »