Présidence tchèque de l’UE : Prague revoit son budget à la hausse
La République tchèque consacrera un budget un peu plus important que ce qui était jusqu’alors prévu pour assurer la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne durant le second semestre 2022. Lundi, le gouvernement a décidé d’augmenter à 1,4 milliard de couronnes (55 millions d’euros) le montant de l’enveloppe consacrée à cette mission.
Considéré comme insuffisant et inadapté, le plan de financement de la présidence tchèque est régulièrement critiqué depuis sa présentation il y a déjà deux ans. Andrej Babiš souhaite en effet que Prague remplisse cette obligation à moindres frais, et ce, tant au niveau du budget en tant que tel que du personnel. Une volonté de réduire la voilure que regrette par exemple Ondřej Benešík, membre du parti chrétien-démocrate (opposition) et président de la commission en charge des affaires européennes à la Chambre des députés :
« Si vous prévoyez de proposer un salaire brut de 40 000 couronnes (1 570 euros) à des experts capables de s’orienter dans des domaines aussi pointus que le droit ou l’économie, alors vous avez la garantie que vous ne trouverez absolument personne de compétent. »
Cette façon d’envisager les choses fait toutefois grincer des dents jusque dans les rangs de la coalition gouvernementale, notamment au ministère des Affaires étrangères, et c’est pourquoi Andrej Babiš a finalement proposé d’augmenter le montant du budget consacré à la présidence de 200 millions de couronnes (8 millions d’euros). Une proposition qui a donc été approuvée par le Cabinet.
Lundi, devant les ambassadeurs tchèques réunis à Prague tout au long de cette semaine, le Premier ministre a expliqué que cette augmentation du budget permettrait d’augmenter les effectifs tant à Prague qu’à Bruxelles, ainsi que d’organiser quelque 265 manifestations et un sommet européen au Château de Prague :
« Il s’agira d’un événement fondamental en matière de politique étrangère. Les préparatifs se poursuivent comme cela a été prévu à tous les niveaux et il convient de ne pas entretenir la crainte, contrairement à ce que ne cessent de faire les médias, sur un financement et des effectifs qui seraient insuffisants pour assurer cette présidence. »
Malgré l’augmentation, ces 55 millions d’euros prévus ne représentent toujours qu’un tiers du montant du budget consacré à la première présidence tchèque en 2009. Ce sera aussi la somme la plus faible jamais consacrée par un pays membre pour la présidence. Une réalité dont s’accommode Edita Hrdá, représentante permanente de la République tchèque auprès de l'Union européenne, comme elle l’a confié sur l’antenne de la Radio tchèque :
« Je considère l’augmentation du budget comme l’aboutissement de six mois de discussion. Je suis heureuse que le gouvernement ait accepté l’analyse des besoins qui a été faite. La réussite d’une présidence ne dépend pas seulement de son coût. Nous pourrions très certainement trouver des présidences qui ont coûté cher mais qui n'ont pas été bonnes. »
« Je pense que l’estimation actuelle est réaliste. Nous aurons le financement que nous aurons. Certains diront que c'est trop peu, d’autres que c’est trop. Il est toujours possible d’en débattre. On saura qui avait raison après la présidence. »
L’appareil diplomatique tchèque sera renforcé d'une trentaine de personnes supplémentaires par rapport à ce qui était initialement envisagé, soit là aussi un autre point qui inspire un certain nombre de craintes. En octobre 2019, lorsque le projet de financement avait été présenté, beaucoup de ministres avaient regretté que le budget ne permette d’employer qu’un tiers des 600 personnes estimées nécessaires pour assurer correctement la présidence. Néanmoins, Edita Hrdá l’assure, ces effectifs réduits n’empêcheront pas la République tchèque de se consacrer aux thèmes prioritaires aux yeux de Prague comme de Bruxelles :
« La relance économique sera assurément sur la table, de même que tous les dossiers post-Covid et les transitions verte et numérique. Il sera aussi question de la Conférence sur l’avenir de l’Europe, une plateforme qui a été récemment inaugurée et une première analyse de cette consultation publique sera faite lors de la présidence française du Conseil de l’UE au printemps prochain. C’est donc à nous, lors de la présidence tchèque qui suivra, qu’il appartiendra de donner vie à certaines des propositions qui auront été faites pendant la présidence française. Et puis bien évidemment nous discuterons de l’approfondissement du marché intérieur, du commerce ou encore de la migration, dont il est de nouveau beaucoup question. A n’en pas douter, ce sont là des thèmes qui relieront les trois présidences – française, tchèque et suédoise – qui se succéderont. »
La République tchèque prendra le relais de la France à la tête du Conseil de l’UE le 1er juillet 2022. Il s’agira de la deuxième présidence tchèque, après une première expérience au premier semestre 2009 qui a laissé un souvenir mitigé.