Regard croisé : évaluation du niveau des élèves dans l’enseignement primaire en France et en République tchèque
Connaître le niveau des élèves à différents stades de leur scolarité, établir de meilleurs programmes, adapter l’école aux nouvelles technologies : c’est à cela que servent les politiques d’évaluation nationale de l’enseignement. Déjà bien implantées en France, elles sont expérimentales en République tchèque. C’était le sujet d’un séminaire franco-tchèque organisé cette semaine à l’Institut français de Prague.
Les discussions avaient pour but de permettre l’échange entre professionnels des deux pays sur ce sujet. On définit par « évaluation » les analyses statistiques des résultats des élèves. Ces observations, par tranche de classes, ou encore par année, permettent d’observer ce qu’apprennent les élèves, s’ils deviennent meilleurs ou moins bons d’année en année. Et ainsi d’améliorer la pédagogie et les programmes.
Un tel regard croisé sur ce sujet est susceptible de faire naître un esprit d’émulation entre pays, chose primordiale dans le domaine de l’éducation. « Nous nous enrichissons de nos mutuelles différences », disait Paul Valéry. Nous avons rencontré Philippe Claus, inspecteur général de l’éducation nationale française dans l’enseignement primaire. Il nous décrit le fondement d’un tel séminaire :« J’étais invité à présenter deux choses. D’une part, je crois, le panorama de ce que nous faisons en France, des évaluations nationales des élèves, puisque le ministère tchèque de l’Education nationale est en train, lui-même, de concevoir des protocoles d’évaluation. Donc, échanger avec lui sur nos expériences de 25 ans par un panorama et aussi de présenter à nos amis tchèques ce qui est, pour nous, une grande innovation : le pilotage du système éducatif par des résultats évalués. »
Des situations nationales différentes, donc. Cependant deux intervenants tchèques ont présenté les standards, datant du milieu des années 2000, qu’ils souhaitent mettre en place. Un processus d’évaluation mis en marche en République tchèque depuis quelque temps déjà. Processus soutenu par un partenariat franco-tchèque :« Oui, le partenariat est installé ici. J’ai eu le plaisir de le découvrir réellement. Entre les services culturels de l’ambassade de France et une équipe de travail tchèque qui travaillent véritablement et régulièrement ensemble sur la mise en place de ces évaluations. Moi, je rêve qu’on aille encore beaucoup plus loin, bien sûr, et que ça se poursuive au-delà des évaluations elles-mêmes par un travail de coopération sur l’action éducative, la pédagogie. Mais je crois que c’est vraiment un début très prometteur. »
Cependant, malgré ce partenariat, les systèmes d’éducation des deux pays restent différents. Cela est notamment dû à une différence dans la centralisation et dans la diversité des modes de répartition des compétences à l’échelle étatique. Philippe Claus :« Alors, il y a une grande différence d’histoire tout simplement. Le système français reste un système où le rôle du gouvernement central reste important : c’est lui qui définit les contenus d’enseignement, les programmes, le socle et les évaluations nationales. La dernière réforme en République tchèque a été, au contraire, de donner beaucoup plus la main aux unités d’enseignement, au territoire : l’Etat s’est un peu retiré, donc par exemple les programmes eux-mêmes ne sont plus définis d’une manière aussi précise en République tchèque. Le fait de travailler ensemble nous permet de voir à la fois les avantages de notre système (définitions, contenus d’enseignement), mais aussi les limites de la chose (difficulté d’adapter ces contenus d’enseignement au terrain). Donc on joue gagnant-gagnant tous les deux : on a tout intérêt à travailler ensemble et à regarder les fruits des expériences, des évolutions, des deux systèmes éducatifs. »
Des programmes d’évaluation du niveau des élèves encore jeunes donc, voire expérimentaux dans le cas de la République tchèque. Tâtonnements qui permettront peut-être, à terme, de réellement re-calibrer la pédagogie, et pourront également créer de véritables échanges européens dans le domaine de l’éducation.