Sahel : « Pas de réduction de la présence militaire tchèque pour le moment »
Le président français Emmanuel Macron a annoncé la semaine dernière une réduction de la présence militaire française du Sahel au profit d’une coalition internationale, qui reste toujours difficile à former. La Tchéquie a été l’un des premiers pays à répondre favorablement à l’appel de Paris pour participer aux opérations de la force spéciale Takuba, dans une région où les militaires tchèques prennent part à la formation des soldats locaux dans le cadre de la mission européenne EUTM Mali. Tomáš Uličný est l’Envoyé Spécial de la diplomatie tchèque pour le Sahel :
« En fait, nous n’avons pas été surpris par cette annonce, qui est la mise en œuvre des conclusions du Sommet de N’Djamena en février, lors duquel une réduction des effectifs militaires était déjà prévue. Nous avons également convenu avec les Etats du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) que les sursauts milliaires doivent être suivis de sursauts civil et politique et que les gouvernements de ce G5 doivent être à la barre. »
« J’aimerais aussi souligner que nous avons été consultés avant l’annonce faite par le Président Macron donc nous avons été mis au courant en amont des annonces faites. »
Qu’est-ce que ça signifie concrètement pour l’engagement militaire tchèque, d’abord dans l’EUTM Mali, ensuite dans la force spéciale Takuba ?
« Il n’y a pas d’impact direct sur notre participation militaire, ni dans l’EUTM ni dans Takuba, parce que ni la formation des armées du G5 ni les opérations anti-terroristes ne sont affectées par la décision française de réduire la taille de l’opération Barkhane. Nous sommes actuellement en train de consulter avec la France et nos partenaires à propos de la prochaine phase de notre engagement. Mais je peux vous confirmer que nous n’avons pas pour le moment le projet de réduire notre présence militaire sur place. »
On a du mal à imaginer qu’à ce stade d’autres pays européens s’engagent dans la force Takuba comme il était prévu à l’origine…
« C’est encore prévu, parce que le Président Macron a évoqué l’internationalisation, l’européanisation de la force Takuba. Pour nous, c’est un signal clair qu’il y a une volonté politique de la part de la France d’élargir la coalition. Nous sommes prêts à y rester. Pour nous, aucun changement dans notre engagement au Sahel. »
La situation politique au Mali n’a, elle non plus, aucune conséquence sur l’engagement tchèque sur place ?
« Il faut faire la distinction entre le putsch au Mali et notre engagement dans les opérations anti-terroristes. Il y a un certain impact sur notre engagement, mais cela n’affecte pas les opérations militaires. Nous sommes en train de réfléchir avec nos partenaires sur la manière de discuter avec les dirigeants de la région. C’est très important d’inclure dans ces discussions la CDEAO, parce que cette organisation régionale a le pouvoir de sanctionner ou non le Mali. Comme également annoncé par le Président Macron, la France a l’intention de mener des discussions avec les partenaires sur notre future approche dans la région. Nous n’en sommes qu’au début d’une période qui doit définir le nouveau cadre de notre engagement au Sahel. »