Sensibiliser les médias aux affaires européennes
A de rares exceptions près, comme, par exemple, la récente proposition de budget réduit de l'Union européenne ayant un impact direct notamment sur les nouveaux pays membres, les thèmes européens font rarement la une des médias tchèques.
Pourtant, compte tenu du pouvoir et du rôle que ces derniers jouent, leur implication dans le débat européen serait la bienvenue. Un avis partagé par Petra Masinova, directrice du département de l'information sur les affaires européennes du bureau du cabinet :
« C'est d'ailleurs un problème qui n'est pas typiquement tchèque, c'est un problème qui touche tout l'Europe. Je répète tout le temps que pour les médias, l'Union européenne, ce n'est pas sexy. Quand vous regardez ce que les gens lisent, alors tout ce qui est le Commissaire européen, tout ce qui est l'Union, le sommet, tout ça est toujours en marge d'intérêt... En outre, les éditeurs ne considèrent pas les thèmes européens comme des thèmes attrayants, car ce n'est pas ce qui vend les journaux ».
Sinon promouvoir, alors au moins présenter les affaires européennes. Tel est le principal objectif de la société Europlatform, dont le projet - la publication d'un périodique intitulé Eurotélégraphe - a été choisi parmi plus d'une centaine d'autres inscrits au concours lancé par le gouvernement en vue d'une campagne de communication et d'information en la matière. Son promoteur, Petr Greger, explique :
« L'Eurotelegraphe est un hebdomadaire électronique qui informe le public tchèque, les élites politiques, les employés de l'administration d'Etat et de l'administration publique, les universitaires, les hommes d'affaires, les économistes, sur ce qui se passe dans l'Union européenne et ne semble pas, apparemment, toucher directement la République tchèque. Nous choisissons donc des thèmes qui sont censés intéresser la République tchèque, trois ou quatre mois après. »
Le nouveau périodique à option « européenne » qui paraît depuis peu en République tchèque aspire-t-il à s'adresser, aussi, aux eurosceptiques ? Petr Greger :
« Etre eurosceptique n'est pas une mauvaise chose. Ce qui compte pour nous, c'est de voir eurooptimistes, euroréalistes, eurosceptiques, europhobes, parler de l'Europe. S'agissant des eurosceptiques, il y a lieu de développer avec eux une discussion sur des problèmes très concrets, de discuter sur un ton provocateur et critique afin de les impliquer au débat. Un débat avec l'adversaire est un piment de la démocratie. Force est pourtant de constater qu'un débat démocratique cultivé fait toujours défaut en République tchèque, et c'est dans ce domaine justement que nous aimerions faire avancer les choses. Notre débat européen se propose de contribuer au débat politique tchèque ».
Les élections législatives qui auront lieu en République tchèque en juin prochain deviennent désormais le thème politique numéro un. Leurs résultats auront-ils un impact sur le débat européen ? Petra Masinova.
« Oui et non. Je pensais avant que non, parce que la voix de l'ODS, principal parti de droite, contre l'Union européenne était assez forte. Mais paradoxalement on voit que les électeurs de l'ODS sont très proeuropéens. Maintenant, on peut même voir que le discours des leaderships des partis de droite est beaucoup plus modéré ».
Pour le chef de l'association Europlatform, peu importe que ce soit un parti de gauche ou de droite, pour peu qu'il soit démocratique bien sûr, qui sorte vainqueur des élections. Sa préoccupation est d'un tout autre genre :« Ce qui m'inquiète, c'est qu'il y a certains partis politiques qui jouent la carte des concepts nationalistes issus du XIXe siècle. Si les Tchèques se présentent comme un peuple introverti et craintif, ils ne pourront jamais réussir. La nation est appelée à être ambitieuse. A mon sens, notre république possède les capacités et les qualités qu'il faut. Or, les résultats des prochaines élections législatives pourront se répercuter dans le débat autour des affaires européennes. Les partis démocratiques doivent prendre le thème de l'intégration européenne comme étant le leur, ce qui se fait d'ailleurs tant bien que mal déjà maintenant. »