Škoda Auto refuse de sponsoriser le Mondial de hockey en Biélorussie
Partenaire officiel de longue date du championnat du monde de hockey sur glace, Škoda Auto ne sponsorisera pas cette année la compétition, si son organisation est maintenue en Biélorussie, où la politique de répression contre l’opposition au régime se poursuit. C’est ce qu’a annoncé le constructeur automobile tchèque, samedi dernier.
Chaque année, le Mondial de hockey sur glace compte parmi les événements sportifs les plus suivis par le public en République tchèque. Que Škoda Auto, qui emploie directement ou indirectement plus de 30 000 personnes en République tchèque, et qui est un des plus importants exportateurs parmi les sociétés installées dans le pays, menace de ne plus soutenir un événement dont la tenue reste toujours prévue en Biélorussie, répond donc d’une certaine logique.
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Pour la filiale du groupe allemand Volkswagen depuis trente ans, il en va de son image et de sa réputation. Ces derniers mois, de nombreuses voix se sont élevées dans les médias tchèques pour appeler à un boycott du tournoi en raison des violentes répressions visant les opposants au régime d’Alexandre Loukachenko, réélu président en août dernier au terme d’un scrutin truqué.
« Nous sommes partenaire des championnats du monde de hockey sur glace depuis 28 ans. Mais nous respectons et défendons aussi les droits humains », a souligné le responsable de la communication du constructeur sur Twitter, samedi. « En conséquence, Škoda ne parrainera pas les championnats du monde 2021 si le Bélarus est confirmé comme pays coorganisateur de l’évènement. »
La menace a été très largement relayée par les médias tchèques. Avant cela, le ministre des Affaires étrangères tchèque, Tomáš Petříček, avait déjà déclaré qu’il ne pouvait imaginer que le tournoi ait bien lieu en Biélorussie. Selon lui, un éventuel maintien légitimerait un régime répressif, et ce alors que le gouvernement tchèque continue de suivre très attentivement l’évolution de la situation politique en Biélorussie et de soutenir l’opposition.
La tenue du Mondial est prévue du 21 mai au 6 juin. La Lettonie, qui doit accueillir des matchs à Riga, a déjà indiqué qu’elle ne souhaitait plus partager avec la Biélorussie une coorganisation attribuée en 2011.
Le président de la Fédération tchèque de hockey sur glace, Tomáš Král, a réagi à cette annonce en affirmant qu’il ne pouvait pas imaginer l’organisation du Mondial d’un point de vue économique sans le soutien de Škoda Auto, qui est également un des principaux sponsors du Tour de France cycliste.
Cette menace intervient aussi quelques jours après la visite à Minsk du président de la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF), le Suisse René Fasel. Au cours de celle-ci, il a rencontré Alexandre Loukachenko, et le dictateur, accusé de multiples violations des droits humains, l’a appelé à résister à ce qu’il a qualifié de « pression injuste ».
Fin décembre, René Fasel avait déclaré qu’il entendait faire « tout ce qui est possible » pour que le Mondial se déroule bien en Biélorussie. Plus récemment, en réaction à la très vive critique que son voyage et son accolade avec Loukachenko ont suscitée dans son pays comme à l’étranger, le président de l’IIHF a admis que ce maintien devenait « très difficile », en raison d’une pression internationale « très forte », et qu’une délocalisation était désormais envisagée.
Avant Škoda Auto, Nivea Men, autre sponsor officiel de la compétition, avait déjà fait peser le spectre d’un retrait en cas d’inaction de la fédération internationale.