Tanec Praha : Maxence Rey réactive sur scène l’univers onirique de Jérôme Bosch
Le festival Tanec Praha bat son plein. Ces lundi et mardi, il accueille au Théâtre Ponec la chorégraphe et danseuse française Maxence Rey qui propose une création chorégraphique intitulée Curiosities inspirée du peintre médiéval, à l’univers fantasmagorique, onirique et inquiétant, Jérôme Bosch. A l’origine de ce spectacle, il y a la volonté de la Fondation Bosch, basée aux Pays-Bas, de préparer les commémorations des 500 ans de la mort de Jérôme Bosch en 2016. Elle a ainsi invité des chorégraphes à imaginer des créations autour de l’univers du peintre. Radio Prague s’est entretenue avec Maxence Rey qui lui en a dit davantage sur sa découverte de cet artiste à l’imagination débridée.
Comment met-on ‘en danse’ des tableaux qui fourmillent de personnages avec très peu de personnes sur scène ?
« Dès le début, je me suis rapidement rendue compte qu’il ne s’agissait pas de mettre en vie un tableau de Jérôme Bosch. Jérôme Bosch est Jérôme Bosch et il n’y a pas à essayer de reproduire quoi que ce soit. Donc la question était effectivement de savoir de quelle manière il était possible d’habiter une couleur, habiter une créature et donner à voir cela. C’est plus l’idée de savoir comment transformer l’inspiration, comment l’alchimie allait se former dans mon corps et dans celui de Cyril et Vincent, pour pouvoir non pas faire un spectacle sur Jérôme Bosch, mais relié à ses couleurs et aux impressions qui se dégagent de ses tableaux. »Donc il y a un jeu avec les lumières et le son, puisque vous disiez que vous aviez l’impression que des sonorités se dégageaient du Jardin des Délices…
« Bien sûr… Au niveau du son, le travail qu’on a mené avec Vincent tourne autour de sons souterrains, de sons sourds, comme provenant d’une tanière, mais aussi des choses qui peuvent être très rythmées de l’ordre de roulements de tambour. Au niveau de la lumière, dans les tableaux de Jérôme Bosch on est très souvent dans des clairs-obscurs. Tout le travail avec Cyril, qu’on déploie depuis le début de la compagnie, c’est de jouer sur des couleurs froides, ou plus chaudes, sur des couleurs vertes qui renvoient à une couleur de peau presque cadavérique, qui créent une étrangeté et un trouble. Nos trois univers ensemble génèrent une énigme. Après, pour moi ce qui était important, c’était de quelle manière mon corps pouvait se déployer. Quand je parle de créatures à multi-facettes, c’est entre lenteur, jaillissement de gestes, contenance et sorties. De quelle manière un seul corps peut être aussi ‘multi-corps’ en même temps ? Il y a un travail autour de savoir comment faire jouer des doigts qui seraient tous indépendants, comment être démembré… C’est à ce niveau-là que la chorégraphie se positionne. »