UE : les Partenariats internationaux pour le prochain commissaire tchèque, Prague s’en accommodera
Ce n’est pas tout à fait le portefeuille auquel il s’attendait, ni certainement celui qu’il espérait, mais le gouvernement de Petr Fiala s’en satisfera. Prochain commissaire tchèque, Jozef Síkela sera chargé des Partenariats internationaux dans la nouvelle Commission européenne dont sa présidente, Ursula von der Leyen, a dévoilé la composition, mardi.
« C’est certainement le portefeuille le plus important que la Tchéquie ait jamais eu. Un portefeuille qui doit permettre de renforcer la sécurité économique de l’Europe, la diversification de nos fournisseurs de matières premières et ouvrir de nouveaux marchés aux entreprises européennes. Nous aurons ce que nous voulions, c’est-à-dire la plus grande direction générale dans le cadre de la Commission européenne et, dans une certaine mesure, j’aurai aussi mon mot à dire au sujet des autres portefeuilles se rapportant au mien. Et tous ceux qui me connaissent savent que c’est quelque chose que je ferai activement. »
Ne serait-ce donc qu’en public, Jozef Síkela, qui occupe actuellement les fonctions de ministre de l’Industrie et du Commerce, comme le Premier ministre Petr Fiala, a exprimé sa satisfaction. Toutefois, il y a quelques jours encore, alors que des négociations douloureuses étaient toujours en cours et avant qu’Ursula von der Leyen, mardi, ne fasse ses annonces et explique qu’il n’y avait pas suffisamment de portefeuilles économiques importants pour satisfaire chacun des pays membres, c’est encore du commerce, finalement confié à la Slovaquie, après la migration, la défense ou encore l’énergie, dont Prague pensait hériter.
Finalement, ce sont donc des Partenariats internationaux dont le commissaire tchèque aura la charge, soit « un poste invisible » selon le député européen Jaroslav Bžoch, membre du parti populiste ANO dirigé par Andrej Babiš, principale force de l’opposition au Parlement :
« C’est un peu regrettable. Nous nous attendions, sur la base des indications et des informations que nous avions reçues, à un portefeuille beaucoup plus important. Par exemple, à celui de l’énergie, qui avait été souvent évoqué, ou du commerce international. Le partenariat international n’est pas le pire portefeuille, mais d’un autre côté, il ne permet pas d’avoir un impact majeur sur le fonctionnement de l’Union européenne. C’est donc une déception. »
Aux yeux toutefois du journaliste Ondřej Houska, spécialiste des questions européennes du quotidien économique Hospodářské noviny, la Tchéquie a obtenu un poste dont l'importance reflète peu ou prou la place qui est celle de la Tchéquie parmi les Vingt-Sept. Selon lui, au-delà même de la nature du portefeuille, c’est désormais à Jozef Síkela qu’il appartient de dépasser le cadre de ses fonctions et de montrer quelle peut être son influence au sein de la Commission :
« Tous les cinq ans, lorsque les nouveaux portefeuilles sont attribués, le gouvernement, quel qu’il soit, affirme qu’il s’agit d’un portefeuille fantastique, tandis que l’opposition, quelle qu’elle soit, prétend qu’il s’agit d’un portefeuille complètement inutile. Comme toujours, la vérité se trouve quelque part entre les deux. Disons donc que pour ce qui est des partenariats internationaux, c’est un portefeuille d’influence modérée, mais cela dépendra aussi beaucoup de Jozef Síkela lui-même. S’il se montre actif, il aura son mot à dire aussi dans d’autres domaines de compétence. Il ne s’agit pas seulement de promouvoir des valeurs ou les relations avec les pays en voie de développement. En fait, la composante la plus importante de ce portefeuille, pour dire les choses simplement, est de lutter contre la percée de la Chine dans les pays tiers, et de faire en sorte d’amener les pays africains et d’Amérique du Sud à se tourner vers l’Occident plutôt que vers la Chine. D’œuvrer aux investissements dans ces pays, d’essayer d’y obtenir des matières premières et des ressources comme le lithium ou l’hydrogène vert. Autrement dit, c’est un portefeuille moyennement important. »
Pour rappel, Jozef Síkela, en tant que représentant de la Tchéquie, succédera, à compter de décembre prochain, à Věra Jourová, en poste au sein de la Commission européenne depuis 2014, et qui depuis 2019 occupe les fonctions de vice-présidente en charge des Valeurs et de la Transparence.