Violation du code de la route par les chauffeurs ministériels

La voiture du ministre Stanislav Gross, photo: Radek Cihla, MFDnes, 4.6.2004

Le code de la route n'engage pas tout le monde. Comment cela, diriez-vous ? C'est pourtant la vérité en Tchéquie, d'après le quotidien Mlada fronta dnes.

Le quotidien national, Mlada fronta Dnes, a réalisé, mercredi et jeudi, un test pas comme les autres : une voiture de location conduite par un chauffeur professionel, a suivi et filmé les déplacements, à Prague, du ministre de l'Intérieur et d'autres membres du gouvernement. Les résultats sont assez alarmants pour les simples citoyens tchèques, qu'ils soient conducteurs ou piétons : les véhicules des membres du gouvernement ne respectent pas le code de la route. Selon la loi, le chauffeur d'un ministre peut violer le code de la route seulement en cas d'urgence et seulement en mettant en service son gyrophare.

Le reporter du quotidien a suivi la voiture du ministre de l'Intérieur, Stanislav Gross, sur le trajet qu'elle emprunte, quand le ministre se rend à son travail. Résultat ? Des infractions flagrantes au code de la route : excès de vitesse, (plus de 100 km/h dans une agglomération où la vitesse est limitée à 50, passage d'une zone à retardeurs à 40 km/h alors que seulement 20 sont permis, dépassements dangereux, violation de la ligne jaune et même double ligne, passage en contre-sens... Des infractions qui coûteraient cher à un simple mortel. Le ministre de l'Intérieur, Stanislav Gross, qui est, quand même, le chef de la police, rejette toute la responsabilité sur son chauffeur. D'autres ministres adoptent la même position. Pour l'Inspection générale de la Police, les affirmations du reporter n'ont aucune valeur sans preuves. Les photos et les vidéos ne sont pas des preuves, il faudrait employer un radar. Du côté des chauffeurs, le silence est plutôt de règle. Quelques déclarations assez ambiguëes du genre : « Nous ne sommes pas des conducteurs comme les autres... Nous agissons de la sorte pour protéger la personnalité que nous transportons ». Seul, le ministre des Transports, Milan Simonovsky, au moment où la Chambre des députés discute, justement, de l'amendement au code de la route pour le rendre plus sévère, admet que les politiciens et leurs chauffeurs devraient être un exemple de conduite pour les autres automobilistes...

Le simple citoyen de se demander vraiment : jusqu'où peut aller l'arrogance des chauffeurs ministériels ? Qu'ils ne respectent pas le code, d'accord, mais à quoi leur sert leur gyrophare, quand ils ne l'emploient pas ? Comment se fait-il que le ministre de l'Intérieur, chef suprême de la police, donc de celle de la route aussi, ne demande pas à ses subordonnés de faire respecter la loi. En effet, comme l'affirment les spécialistes en matière de sécurité routière, une grosse cylindrée ministérielle roulant à plus de 100 km/h dans les rues de Prague, sans allumer son gyrophare et en violant le code, représente un danger public.