Georges-Marc Benamou : Munich, un « trou noir »
A Prague vient de sortir la version tchèque du livre de Georges-Marc Benamou, Le fantôme de Munich. Dans ce roman historique, le journaliste et écrivain français a tenté de reconstituer les quelque 13 heures de négociations entre Hitler, Mussolini, Daladier et Chamberlain, qui ont signé l’arrêt de mort de la Tchécoslovaquie en 1938. Le 29 septembre prochain, 70 ans se seront écoulés depuis cette fameuse conférence de Munich à laquelle les Tchécoslovaques ne furent pas conviés, alors que leur destin s’y jouait. Georges-Marc Benamou, qui a expliqué la genèse de son roman, à l’occasion d’une rencontre organisée à l’Institut français de Prague.
« Le livre de Georges-Marc Benamou est très beau et m’a vraiment touché. C’est un roman, ce n’est pas une thèse d’histoire. Il a utilisé les événements comme tremplin pour son roman. Et nous, nous allons prendre son roman comme tremplin pour une version cinématographique. »
Et c’est l’ancien président tchèque, rien que ça, qui sera le scénariste du futur film. Václav Havel, également présent à cette soirée :
« J’avais deux ans en 1938, mais je vais vous surprendre en disant que je m’en souviens : c’est peut-être même mon tout premier souvenir. Je me souviens que mes parents m’ont envoyé de Bohême en Moravie, on pensait alors que ce serait plus prudent. Et ça a été mon baptême de l’air : j’ai pris l’avion pour la première fois. »
Quelques jours avant les Accords de Munich, un homme, le Général Faucher, en poste à Prague à la Mission militaire française, envoyait son télégramme de démission et se mettait à la disposition de l’armée tchécoslovaque, outré par l’accord franco-britannique du 19 septembre et des pressions franco-britanniques exercées sur les Tchèques. Pour son fils, Václav Eugène Faucher, Le Fantôme de Munich paye un peu la dette des Français envers les Tchèques :« Je trouve que son livre est extrêmement utile, d’une part parce qu’il montre aux Tchèques qu’il y a tout de même des Français qui éprouvent une profonde compassion pour l’épreuve terrible qu’ils ont vécue en 1938. C’est une bonne action parce qu’il montre par l’exemple qu’il n’y a pas de politique sans une volonté politique, et que cette politique ne consiste pas à se mettre à la remorque des sondages. Et puis, très égoïstement, je ne peux qu’être profondément ému par un livre dédié à la mémoire de mon père. »