La Tchéquie face à la hausse des températures
La température moyenne de la République tchèque devrait augmenter de 1 °C d’ici à 2040 et jusqu’à 2,5 °C en 2060. C’est ce qu’indique une étude réalisée par des experts du département de physique atmosphérique de la faculté des sciences physiques et mathématiques de l’Université Charles à Prague. Ce travail sur le changement climatique en République tchèque suppose des bouleversements importants à anticiper, notamment dans les domaines de l’agriculture ou de la santé.
L’étude réalisée se base sur différents scénarios, selon que des politiques de réduction des émissions des gaz à effet de serre sont menées ou non. Dans la seconde hypothèse, la hausse des températures est, sans surprise, plus prononcée. Directeur de la faculté des sciences physiques et mathématiques de l’Université Charles à Prague, Petr Pišoft présente le travail de son équipe :
« Ces simulations climatiques font état d’une hausse réelle des températures, à des niveaux compris entre 1 °C et 2 °C voire 2,5 °C. Cette hausse concerne l’intégralité du territoire de la République tchèque et toutes les périodes de l’année. Néanmoins, durant les périodes les plus froides de l’année, durant l’hiver, cette hausse des températures est plus prononcée. »
Le nombre annuel des jours de forte chaleur, où la température est supérieure à 30 °C va augmenter à l’inverse de celui des jours de gel, où la température est inférieure à 0 °C. Les nuits dites « tropicales », quand la température nocturne ne descend pas sous le seuil de 20 °C, devraient doubler d’ici à l’année 2060. Ces données cachent cependant certaines disparités géographiques que détaillent Petr Pišoft :
« Dans le cadre de ces simulations climatiques, une hausse modérément plus élevée des températures est observée sur les territoires d’altitude. Cela correspond au massif de la Šumava, aux Monts métallifères ou encore aux Monts des géants, mais également dans les régions de Moravie du Sud, d’Olomouc et de Zlín. »Cette hausse globale de la température et la multiplication des vagues de chaleur auront des conséquences très variées, par exemple sur la productivité au travail ou sur l’entretien des bâtiments. Les catastrophes naturelles, en particulier les inondations, pourraient être plus fréquentes et plus intenses. L’agriculture devra également faire un important effort d’adaptation. Membre du laboratoire d’idées Glopolis, qui a contribué à cette étude, František Marčík pointe notamment du doigt les incidences de ce changement climatique sur la santé :
« Si je devais mettre l’accent sur l’un des impacts significatifs mis en évidence par ces modèles, je citerais une intensification des vagues de chaleur. Cela a un lien avec ce qu’on appelle les îlots de chaleur urbains, qui correspondent au fait que les villes accumulent une quantité d’énergie plus importante que les zones rurales. Cela aura des conséquences sur la santé des gens. Déjà aujourd’hui, l’Organisation mondiale de la santé (OMC) considère le changement climatique comme l’un des plus grands défis. Par exemple, les personnes les plus menacées sont celles qui souffrent de maladies respiratoires chroniques, telles que l’asthme. Un autre groupe de personnes menacées concerne les enfants et les personnes âgées, en particulier dans le cas où les effets des températures élevées se conjuguent avec ceux d’une atmosphère polluée. » Le gouvernement tchèque a récemment publié la nouvelle conception énergétique de l’Etat tchèque. Celle-ci table largement sur le nucléaire, le gaz naturel et la montée en puissance des énergies renouvelables dans le mix énergétique tchèque. Pour autant, l’exploitation du charbon, relativement polluante, est loin d’être abandonnée et constituera encore un apport non négligeable à la production d’énergie. Aussi František Marčík regrette que le gouvernement ait en partie ignoré les travaux des scientifiques qui insistent sur l’importance de la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour parvenir à maîtriser le changement climatique.