Le cinéma tchèque perce enfin au festival de Berlin

Moi j'ai servi le roi d'Angleterre

Au cours des dernières années, le grand trio de festivals, Cannes, Venise et Berlin, semblait ignorer le cinéma tchèque. Bien que les films tchèques aient décroché des prix dans divers festivals de moindre importance, on les cherchait en vain dans la sélection officielle de Cannes, de Venise et de Berlin. Cela devenait si flagrant que certains cinéastes et journalistes tchèques n'hésitaient pas à parler de discrimination. Aujourd'hui il semble que la Berlinale 2007 va rompre cette malédiction et mettra fin à l'absence tchèque dans le programme des meilleurs festivals du monde.

Moi j'ai servi le roi d'Angleterre
Le Festival international du film de Berlin, la Berlinale, commence le 8 février. C'est l'adaptation pour l'écran du roman de l'écrivain tchèque Bohumil Hrabal « Moi j'ai servi le roi d'Angleterre » qui figure dans la sélection officielle du festival. Pour le réalisateur et auteur du scénario de ce film, Jiri Menzel, c'est un grand retour, parce qu'il a déjà obtenu, en 1990, le Grand prix de la Berlinale, l'Ours d'or, pour une autre adaptation d'oeuvre de Hrabal, « Alouettes, le fil à la patte ». Nous avons déjà parlé plusieurs fois sur nos ondes de la gestation du dernier opus de Jiri Menzel et nous en reparlerons encore.

Grand-hôtel
Le film tchèque « Grand-hôtel » de David Ondricek a été choisi parmi quelque 1800 long-métrages pour la section « Panorama » dont l'ambition est de présenter les oeuvres mariant la vision artistique et le succès commercial. Dans cette section, « Grand-hôtel » se retrouvera aux côtés des films réalisés par des stars passés derrière la caméra : Antonio Banderas, Steve Buscemi et Julie Deplpy. L'oeuvre jouit d'ores et déjà d'un avantage : la comédienne Klara Issova, qui y joue le rôle principal, a été élue cette année l'une des « stars européennes de demain ». Le film conte l'histoire d'un jeune homme mal dans sa peau qui travaille dans un hôtel et qui, pour échapper à la rudesse de la vie, se réfugie dans sa passion pour la météorologie. L'auteur du scénario Jaroslav Rudis explique la genèse du film :

Jaroslav Rudis
« Au début j'avais un sujet pour un nouveau roman. Je l'ai situé à Liberec, ville que j'aime, où j'ai vécu pendant sept ans et où j'ai travaillé pendant deux ans comme portier dans un Grand-hôtel. Et juste à ce moment-là, j'ai reçu un coup de téléphone du réalisateur David Ondricek qui aimait beaucoup mon sujet. J'étais bien content parce que j'aimais ses films et ses personnages qui sont cette espèce de solitaires qu'on appelle des « loosers ». Ainsi, le scénario a devancé le livre. Depuis le début je ne voulais cependant pas abandonner l'idée du roman, parce que le livre et le film sont des choses bien différentes. »

Le cinéma tchèque sera présent à la Berlinale aussi dans la section Forum réservée aux oeuvres expérimentales et à l'avant-garde. On y verra le film du réalisateur et scénariste Petr Nikolaev sur l'underground tchèque pendant la normalisation, c'est-à-dire dans les années 70 et 80. Et ce n'est pas tout. Dans la section pour les enfants et la jeunesse on pourra voir encore deux films d'animation tchèques basés sur les contes drôles et pittoresques écrits pour les petits et grands lecteurs par le célèbre comédien Jan Werich.