Face aux menaces de la Russie et de la Chine, la République tchèque n’entend pas se laisser faire
Le Premier ministre Andrej Babiš a eu beau rappeler en début de semaine que la République tchèque était un Etat souverain et qu’en tant que tel elle entendait ne pas se laisser faire, les pressions et les menaces de la Chine et de la Russie sur la politique tchèque se sont renforcées ces derniers mois.
Vratislav Mynář, qui bénéficie du soutien sans faille du président Miloš Zeman, est même soupçonné d’agir dans l’intérêt de la Chine et d’être à l’origine de cette lettre dans laquelle l’ambassade prévenait des conséquences négatives qu’aurait eu une éventuelle visite de Jaroslav Kubera à Taïwan, où le président de la Chambre haute du Parlement entendait se rendre.
A l’ordre du jour de ce jeudi figuraient également les diverses notes que se sont adressées ces derniers temps les diplomaties tchèque et russe, et ce alors que le maire de Prague, le Pirate Zdeněk Hřib, et deux autres maires d’arrondissement et de quartier restent toujours sous protection policière dans le cadre de différentes affaires, parmi lesquelles la plus médiatisée est celle du récent déboulonnage de la statue d’un ancien maréchal soviétique dans le 6e arrondissement de la capitale.
A la Télévision tchèque, mercredi soir, le ministre des Affaires étrangères, Tomáš Petříček a confirmé qu’il était bien conscient du renforcement de l’attitude agressive de la Russie et de la Chine vis-à-vis de Prague. Le chef de la diplomatie a toutefois déclaré que s’il ne la sous-estimait pas et qu’elle faisait l’objet d’un suivi attentif au ministère comme dans les structures de l’OTAN, cette politique consistant à rouler des mécaniques ne l’inquiétait pas plus que ça en l’état actuel des choses.
Estimant que l’affaire du retrait de la statue Koniev n’était qu’un prétexte et que Moscou avait d’autres motivations, Tomáš Petříček a affirmé qu’il appartenait à la République tchèque de se comporter différemment de la Russie. « Nous ne devrions pas nous comporter agressivement », a-t-il précisé.Invité à ses côtés, le président du Sénat, Miloš Vystrčil, qui a succédé à Jaroslav Kubera, a lui été plus concret et déclaré que l’attitude de la Russie et de la Chine le rendait « nerveux ». Selon lui, qu’il s’agisse de la statue Koniev, de Taïwan ou même de la crise du coronavirus, « ces deux puissances parviennent à nous affaiblir en nous divisant », leur objectif étant d’influencer et de faire en sorte que des petits pays comme la République tchèque s'exécutent et fassent ce qui leur est dicté depuis Moscou et Pékin.
Dans ce contexte, le président du Sénat a précisé que son éventuelle prochaine visite à Taïwan ne devrait pas être considérée comme une revanche ou une vengeance, mais comme « un témoignage du caractère de la République tchèque, une affirmation de ce que nous pensons de la liberté et de la démocratie et de la manière dont nous voulons aider les autres à être un jour libres eux aussi ».