Roman Musil : « Le pire pour moi n'est pas d'avoir été enlevé, mais la bureaucratie après ma libération ! »
Haïti : l'un des pays les plus pauvres du monde, régulièrement secoué par des affrontements violents. Rien que cet année, plus d'un millier de personnes ont été enlevées, souvent dans le seul but pour les ravisseurs de récupérer une maigre rançon. Parmi ces victimes, un missionnaire tchèque, qui a heureusement été libéré sain et sauf la semaine dernière. Il a raconté sa mauvaise expérience à Radio Prague
« Vous le savez peut-être, 80% des Haïtiens sont catholiques. Le motif de mon enlèvement n'était donc pas religieux, comme il peut l'être dans certains pays musulmans. L'argent est la seule chose qui a motivé mes ravisseurs. Haiti est le plus pauvre pays de l'hémisphère ouest. Je connais la misère ici et ces gens voient dans les kidnappings un moyen de se faire de l'argent pour survivre. »
Les ravisseurs ont d'abord demandé 4000 dollars pour la libération du père Musil. Mais la rançon une fois versée, ils ont réclamé 50 000 dollars de plus. Grâce aux bons offices d'un prètre qui travaille à la Cité-soleil, le missionnaire tchèque a tout de même fini par être libéré quelques jours après, sans qu'une deuxième rançon ne soit versée.
« Je crois que ma libération rapide est très liée au fait que je sois prêtre. Il faut dire que l'Eglise est une des rares institutions à aider les pauvres ici. Alors les gens ont du respect pour nous, et même si c'était des criminels, leur comportement a changé quand je leur ai dit que j'étais prêtre. Pas radicalement bien sûr, mais ils ne menaçaient plus de me décapiter et étaient moins agressifs qu'au départ... »
La seule voiture de la paroisse a été détruite après l'enlèvement de Roman Musil. Ses papiers lui ont été volés. En captivité, il ne songeait qu'à une chose en cas de libération : prendre le premier avion pour rentrer chez lui, à Jihlava. Mais le prêtre tchèque de 32 ans a décidé de poursuivre sa mission :
« J'ai sous ma responsabilité une école avec 250 enfants dans un village que personne d'autre n'aide. J'ai pensé que si je partais, ce serait tellement triste. Alors malgré cette expérience négative, j'ai décidé de rester. Et je pense que cette expérience m'a renforcé. Le problème maintenant, c'est pour se déplacer sans voiture et essayer d'obtenir de nouveaux papiers d'identité pour pouvoir travailler ici. Il faut avoir beaucoup de temps et de patience ici... Le pire pour moi n'est pas d'avoir été enlevé, mais la bureaucratie après ma libération! »