VIH/SIDA : le coronavirus freine le dépistage en Tchéquie
Le SIDA peut avoir, chez certains patients, les mêmes symptômes que le Covid-19, ont observé les médecins tchèques. Selon eux, la pandémie de coronavirus a eu cette année un impact négatif sur le dépistage du VIH et le traitement des personnes séropositives en République tchèque.
A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA, organisée chaque année le 1er décembre, le bureau pragois de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Association tchèque d’aide contre le SIDA (Česká spolecnost AIDS pomoc - ČSAP) ont publié leur rapport détaillant la situation en République tchèque. Tout d’abord, les deux organisations constatent que la pandémie de Covid-19 a freiné le dépistage du VIH, en Tchéquie comme ailleurs, et a compliqué l’accès à la PrEp, un traitement préventif pour les personnes séronégatives qui sont à haut risque de contracter le VIH.
Entre janvier et novembre 2020, l’Association tchèque d’aide contre le SIDA a effectué un peu plus de 7 500 tests de dépistage du VIH, soit 500 de moins par rapport à la même période de l’année dernière. 211 nouveaux cas de séropositivité ont été recensés dans le pays entre janvier et octobre de cette année, contre 222 sur toute l’année 2019 : ce bilan annuel tend à diminuer depuis 2016, où un chiffre record de plus de 260 nouveaux cas a été enregistré.
Toutefois, selon les estimations de l’OMS, environ 500 personnes seraient infectées en République tchèque sans le savoir et 40% des personnes nouvellement diagnostiquées sont à un stade tardif d’infection, la moyenne européenne étant de 53%. Le traitement préventif contre le VIH, connu sous l’abréviation PrEP, est une méthode moderne et efficace de lutte contre la maladie. Le concept est simple : prendre un traitement antirétroviral pour empêcher le virus du SIDA de pénétrer dans le corps. Le tout accompagné d'un suivi médical régulier.
En République tchèque, entre 400 et 500 personnes suivent ce traitement médicamenteux, or le Centre européen du contrôle des maladies recommande de porter ce chiffre à 15 000, pour que le nombre de contaminations baisse de manière sensible. « Il serait bien si les praticiens, les dermatologues et vénérologues tchèques pouvaient prescrire, eux aussi, ce traitement. Pour l’instant, il n’est accessible que dans les centres spécialisés qui prennent en charge les patients séropositifs », estime Robert Hejzák, président de l’Association tchèque d’aide contre le SIDA.
Enfin, que sait-on du lien entre le Covid-19 et VIH ? Le principal centre tchèque de traitement du VIH/SIDA, celui de l’hôpital Na Bulovce, à Prague, a enregistré cette année deux cas de patients qui avaient les symptômes généralement liés au coronavirus, mais chez qui les tests ont finalement révélé une inflammation des poumons liée au SIDA. Les médecins de l’hôpital pragois proposent ainsi de soumettre également tous les cas suspects de Covid-19 à un test dépistage du VIH, comme cela se fait déjà dans plusieurs pays étrangers. Une manière de lutter, simultanément, contre les deux virus.
A noter que depuis la mise en place du dépistage du VIH/SIDA en République tchèque, en 1985, plus de 3 700 cas de séropositivité ont été détectés. La maladie s’est déclenchée chez environ 700 personnes, tandis que 325 autres en sont déjà mortes.