Presse : la prochaine élection présidentielle tchèque face aux ambitions des candidats tous azimuts
L’éventail de personnes qui souhaitent devenir président de la République en Tchéquie est aussi large et varié qu’étonnant. Cette nouvelle revue de la presse en dira plus sur le sujet. Elle se penche ensuite sur les frustrations révélées par la pandémie de Covid-19. Il y sera également question d’un nouveau signe de radicalisme du mouvement anti-vaccin local. La possibilité d’unaccueil dans le pays de réfugiés venant d’Ukraine est un autre sujet traité. Le magazine s’intéresse enfin à l’échec sans précédent des hockeyeurs tchèques aux JO d’hiver à Pékin.
A près de dix mois de l’élection présidentielle tchèque, on voit émerger dans le pays toute une panoplie de personnes, connues, moins connues ou inconnues qui déclarent leur volonté de présenter leur candidature. Est-ce parce que l’actuel président de la République Miloš Zeman aurait dévalué aux yeux de beaucoup le prestige de cette fonction ?, s’interroge l’éditorialiste de l’hebdomadaire Respekt avant d’expliquer la raison pour laquelle cette fonction n’appartient pas à n’importe qui :
« Il est étonnant de voir combien il y a d’individus qui se considèrent comme assez avertis pour pouvoir occuper le poste du chef de l’Etat. Mais il ne suffit pas, comme certains d’entre eux l’estiment, d’être honnêtes et d’avoir des choses à dire. Cette fonction est acompagnée de nombreuses compétences qu’il faut connaître et qu’il faut savoir mettre à profit. Un président a pour tâche de discuter avec des hommes d’Etat étrangers, de nommer des juges et des ambassadeurs, d’opposer son éventuel veto sur des lois proposées et beaucoup d’autres. Il est aussi le chef de l’Etat-major. Il y a lieu de rappeler que dans le passé, ce poste a été occupé par des personnalités comme Václav Havel et Tomáš Garrigue Masaryk. »
En conclusion, l’éditorialiste recommande à tous ceux qui chérissent une ambition présidentielle de réévaluer leur intention. Et ce « pour que votre rêve ne devienne pas un cauchemar pour les autres », écrit-il à leur adresse.
L’auteur d’une note publiée sur le site Seznam Zprávy confirme :
« Presque chaque semaine, on voit se présenter quelqu’un qui souhaite être candidat à l’élection présidentielle. Certes, c’est un signe de l’esprit démocratique qui permet à tout un chacun de croire qu’il peut occuper ce poste. D’un autre côté, on voit que l’idée selon laquelle le président joue en quelque sorte le rôle d’un monarque, une personne qui représente une autorité morale et un exemple, demeure au sein de la société tchèque fortement enracinée. A ce jour, aucun président n’a réussi à la dissiper. »
Cette frustration que la pandémie de Covid-19 a révélée
Les manifestations radicales contre les mesures de restriction liées à l’épidémie de Covid-19, qui se sont propagées dans l’ensemble des pays occidentaux, constituent un immense problème social, constate un texte publié dans le quotidien économique Hospodářské noviny. L’intérêt est de savoir, selon son auteur, ce qu’il révèle au fond :
« Les causes des protestations sont différentes. La durée de la pandémie, la lassitude et les pertes économiques ainsi que les fautes commises par les gouvernements se rangent parmi celles d’ordre objectif. Mais face au radicalisme des protestations, dont les ‘convois de la liberté’ sont un des derniers exemples, on peut estimer que la pandémie et les restrictions ne sont pas les principales causes du mécontentement. Par les manifestations, les manifestants donnent libre cours à leurs frustrations, tout en y puisant un sens plus profond qu’ils peinent à trouver dans leurs vies de tous les jours. Bref, d’emblée, ils peuvent se sentir comme des dissidents. »
Le commentateur de Hospodářské noviny a à ce propos précisé :
« Parmi les manifestants indignés, on trouve d’une part ceux qui se sentent marginalisés et, d’une autre part, ceux qui considèrent que l’Occident a pris un mauvais tour. La ‘pseudo-dissidence’ leur donne un nouvel espoir. Au sein de la société, il existe depuis un certain temps déjà la demande d’un changement indéfini que les manifestations radicales contre les mesures anti-Covid traduisent. Il est vrai que cette révolte encouragée par les politiciens antisystème et les fausses informations ne concerne pas beaucoup de gens. Toutefois, affronter ce problème sera pour les gouvernements démocratiques, dont aussi le nôtre, plus difficile que de gérer la pandémie. »
Lorsque le mouvement antivax tchèque franchit la ligne rouge
« En publiant les adresses des députés qui votent pour la modification de la loi pandémique, débattue au Parlement cette semaine, le mouvement anti-vaccin tchèque Chcípl PES a franchi la ligne rouge », signale un texte publié sur le site Forum24. Son auteur explique :
« Identifier l’adresse de tel ou tel politicien est facile. Mais du moment où l’on met les noms et les adresses des députés qui sont désignés comme des ‘traîtres’ sur les réseaux sociaux en y ajoutant sur un ton ironique la phrase ‘Allons les remercier’, les retombées risquent d’être graves. Les réactions de la foule de sympathisants de cette initiative sont en effet imprévisibles. Il est paradoxal que ce soient les combattants pour la liberté et contre le ‘totalitarisme de Covid’ qui ont recours à cette forme violente de protestation, qui s’immisce dans la vie privée des familles des personnes publiques. »
« Au bout de deux années de pandémie de Covid-19, la société tchèque est plus décomposée et plus agressive qu’auparavant », constate le chroniqueur de Forum 24. D’où sa conviction que « pour déclencher un grand incendie dans un pays qui ressemble à un paysage desséché, il suffirait d’une seule étincelle ».
En attendant une vague de réfugiés ukrainiens
Selon le site Hlídacípes.org, l’Europe se prépare à une grande vague de réfugiés ukrainiens. Ce sont notamment la Pologne et la Slovaquie qui sont les plus actives face à l’éventualité d’une intervention militaire russe en Ukraine. S’agissant de la Tchéquie, il a indiqué :
« Très probablement, le pays serait capable d’offrir l’asile ou une autre forme d’aide et de protection temporaire à des milliers d’Ukrainiens. Selon les données statistiques, la Tchéquie comptait vers la fin de l’année 2021 quelques 200 000 ressortissants ukrainiens, 53 000 autres revendiquant la nationalité ukrainienne. Au total, les Ukrainiens représentent la plus grande minorité nationale en Tchéquie. L’existence de cette importante communauté ukrainienne faciliterait évidemment l’accueil de réfugiés. »
Le texte sur Hlídacípes.org rapporte que l’immigration professionnelle de l’Ukraine, qui prédomine, a été fortement touchée par la pandémie de Covid-19. Mais la demande de main d’œuvre ukrainienne de la part des entreprises locales demeure très élevée. S’agissant de la position tchèque à l’égard des réfugiés, elle est, selon l’auteur du texte, critique et vigilante. Il rappelle cependant :
« Dans le passé, par exemple, les Tchèques se sont montrés prêts à aider un grand nombre de personnes qui fuyaient la guerre dans l’ancienne Yougoslavie. Au cours des années 1990, quelque 6000 ressortissants de ce pays ont trouvé refuge en Tchéquie ».
Le hockey sur glace tchèque aux temps de la déception
La neuvième place est le plus mauvais résultat des hockeyeurs tchèques jamais atteint aux Jeux olympiques. C’est ce qu’ont constaté à l’unisson les commentaires sportifs locaux au lendemain de la défaite de la Reprezentace tchèque face à la sélection suisse en huitièmes de finale du tournoi olympique à Pékin. A ce propos, le journal Lidové noviny a souligné qu’il fallait désormais regarder vers l’avenir :
« Dans deux ans, Prague et Ostrava seront le théâtre des championnats mondiaux de hockey sur glace. Il faut alors préparer une équipe forte, car on ne peut plus se permettre de décevoir les attentes du public tchèque. L’idée que la Tchéquie trouve immédiatement une bande de jeunes joueurs brillants est naïve, d’autant plus qu’il n’y en a qu’une poignée qui se démarquent chaque année. Ce qu’il faut changer, c’est la philosophie globale de cette branche. Autrement dit, il faut tourner une plus grande attention vers les années à venir. Il s’agit de former des talents non seulement pour les compétitions locales et la LNH, mais aussi et surtout pour la sélection nationale. »
« Le hockey tchèque, tant qu’il ne veut pas se contenter de vivre de sa fameuse histoire, a besoin de renouveau », insiste le commentateur de Lidové noviny. Se libérer du passé et sacrifier le présent et le lendemain pour l’avenir, tels sont donc les principaux défis à relever.