Économies d’énergie : les universités tchèques ne prévoient pas de fermeture cet hiver
Les universités tchèques resteront ouvertes et ne comptent pas réintroduire un enseignement en ligne cet hiver. Réunis en fin de semaine dernière, les recteurs du pays ont informé que la hausse des prix de l’énergie ne constituait pas une menace actuellement.
C’était une crainte pour les étudiants comme pour les professeurs et leurs dirigeants : que les universités soient de nouveau contraintes, après les diverses vagues de Covid-19, de refermer leurs portes, cette fois en raison d’amphithéâtres et de salles de classe qu’il deviendrait trop onéreux de chauffer. Il n’en sera finalement probablement rien. Du moins pas en l’état actuel des choses.
Dès septembre, avant même la rentrée, les écoles supérieures publiques avaient fait savoir que le passage à un enseignement à distance ne serait envisagé qu’en ultime recours, voire éventuellement pour la période des examens qui se tiennent en janvier et février, au terme du premier semestre, soit généralement la période la plus froide de l’année.
Pour les établissements privés, qui ne bénéficient pas des aides de l’État, le règlement des factures de chauffage et d’électricité pourrait être plus compliqué, mais elles non plus, pour l’instant, n’envisagent pas de demander à leurs étudiants et à leur personnel enseignant de rester chez eux.
Vendredi dernier, la Conférence tchèque des recteurs (ČKR), après une réunion des recteurs des universités de l’ensemble du pays, a fait savoir que celles-ci continueront de fonctionner normalement. Selon son président, les universités veilleront à réduire la consommation de gaz et d’électricité et motiveront également leurs employés et étudiants à en faire de même.
En République tchèque, selon un décret du ministère du Commerce et de l’Industrie, la période de chauffe, ou de chauffage collectif, s’étend théoriquement du 1er septembre au 31 mai. Dans la pratique, celle-ci démarre lorsque la température extérieure moyenne est inférieure à 13 °C pendant au moins deux jours consécutifs et qu’aucune remontée significative n’est prévue dans les jours suivants, soit généralement durant la troisième ou quatrième semaine du mois de septembre. Cette année, ce que les Tchèques appellent littéralement « la saison de chauffage » a ainsi été ouverte le 18 septembre.
Dans un pays où beaucoup de gens ont l’habitude de ne porter qu’un maillot à manches courtes chez eux et où, inversement, les étrangers sont parfois étonnés de la chaleur élevée qui règne tant dans les domiciles que dans les espaces publics intérieurs comme les écoles ou les bâtiments administratifs, la volonté de certaines universités de réduire la température de chauffage n’est pas passée inaperçue. A Brno, dans les résidences où sont logés les étudiants de l'Université Masaryk, il a ainsi été décidé de réduire le chauffage de 3 °C en faisant passer la température de 24 à 21 °C. Dans sa petite chambre de la capitale morave, et en attendant les plus grands froids de l’hiver tchèque, Eva Koziorková assure que cette nécessité ne change pas grand-chose pour elle :
« Ces dernières années, le chauffage était tel que je n’avais même pas besoin de porter de pull à l’intérieur. Je n’ai donc pas de crainte particulière par rapport au froid. Je pense que cela restera supportable si l’on s’habille un peu plus chaudement. »
Du côté de la direction de l’université, on explique avoir calculé qu’une réduction de 1 °C permettra de réaliser une économie de l’ordre de 6 % sur les frais de chauffage. Mais comme le confirme Martin Bareš, president de la ČKR et recteur de la deuxième plus grande université tchèque, ces économies sont une nécessité absolue.
D’une facture de gaz annuelle moyenne de 10 à 12 millions de couronnes (400 à 480 000 euros), le montant est passé à 80 millions (3,2 millions d'euros) cette année, explique-t-il. Pour autant, toujours selon la ČKR, une fermeture complète des écoles ne permettrait de réaliser que des économies de l’ordre de 10 à 12 %.
A Prague, la prestigieuse Université Charles compte plus de 140 bâtiments, dont certains historiques. Et ici aussi, on espère que le plafonnement les prix du gaz et de l’électricité permettra de passer l’hiver dans des conditions permettant un enseignement en présentiel. Pour l’instant, la rectrice Milena Králíčková préfère envisager les prochains mois avec optimisme:
« Pour ce qui est du gaz, nous avons un contrat à prix fixe qui court jusqu’à la fin de cette année. Mais pour 2023, nous espérons que nous pourrons bénéficier des prix plafonnés annoncés par le gouvernement. »
Pour rappel, le gouvernement tchèque a fixé par décret les prix maximaux de l’électricité à 6 000 CZK (240 euros)/MWh et du gaz à 3 000 CZK (120 euros)/MWh. Ce plafonnement, qui concernera aussi bien les particuliers que les entreprises et les services publics, s'appliquera tout au long de l’année prochaine. En attendant, certaines universités prévoyantes ont démarré l’année académique quelques jours ou semaines plus tôt précisément de manière à faire des économies cet hiver.