Petr Pavel à Vilnius : « Tous les Etats de l’Alliance ont convenu que l’Ukraine devait appartenir à l’OTAN »
Le 33e sommet de l’OTAN organisé à Vilnius en Lituanie s’est achevé ce mardi. Si l’Ukraine n’a pas reçu l’invitation officielle à rejoindre l’OTAN qu’elle espérait, le président Zelensky a malgré tout salué des résultats « très positifs ».
La pression était grande sur les Etats membres de l’OTAN réunis pendant deux jours à Vilnius, aux portes de la Russie et de la Biélorussie. Les attentes de l’Ukraine étaient nombreuses et ambitieuses. Toutefois, comme l’avait promis le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavský (Pirates), en amont du sommet de l’OTAN, l’Ukraine n’est pas repartie de Vilnius les mains vides. Les membres de l’Alliance ont réitéré leur soutien dans la durée à l’Ukraine et promis de nouvelles aides, tout en louant l’unité et la détermination de l’organisation nord-atlantique.
Interviewé à l’issue du sommet, le président tchèque, Petr Pavel, a rappelé que l’Ukraine n’était pas seule et qu’elle pouvait compter sur ses soutiens occidentaux pendant et après le conflit :
« Les États se sont ici mis d'accord sur des garanties à long terme pour l'Ukraine matérielles, financières, mais aussi de sécurité. Premièrement, le ‘Comprehensive Assistance Package [for Ukraine]’ est maintenant établi pour une période de cinq à dix ans. Les fonds n'ont pas encore été fixés […] mais de nombreux pays ont déjà confirmé qu'ils fourniraient les moyens suffisants, y compris la République tchèque. L'estimation initiale était d'environ un demi-milliard d'euros. […] Dans le même temps, une initiative du groupe des pays du G7 a été annoncée. Elle établit le cadre d'une assistance matérielle supplémentaire à l'Ukraine, non seulement maintenant pendant la guerre, mais surtout après la fin de la guerre, pour la reconstruction de l'Ukraine. Il n'y a pas encore de cadre financier, mais un espace est ouvert non seulement aux pays membres du G7, mais aussi à tous ceux qui souhaitent participer à cette initiative pour conclure un accord bilatéral avec l'Ukraine et mettre en place une coopération […]. Le gouvernement tchèque a déjà discuté de cette proposition et est prêt à s'impliquer. »
Quant à la question de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, les membres de l’Alliance ont consenti à ce que la procédure pour Kyiv puisse être légèrement facilitée, sans fixer de calendrier précis pour autant et en rappelant qu’un certain nombre de réformes internes devaient être mises en œuvre avant de pouvoir envisager une adhésion à l’Alliance nord-atlantique. Petr Pavel :
« Tous les États de l’Alliance ont convenu que l'Ukraine devait appartenir à l'OTAN. […] Ils apporteront leur soutien encore longtemps jusqu’à ce que l'Ukraine considère ses objectifs comme étant atteints et qu’elle soit prête à entamer des négociations diplomatiques. Il a été clairement indiqué que le temps ne jouait aucun rôle à cet égard, donc si le président Poutine comptait sur le fait que tôt ou tard l'Alliance s'épuiserait et que son soutien à l'Ukraine commencerait à s'estomper, alors ce calcul n'a pas fonctionné. »
De son côté le Kremlin, par la voix de son porte-parole, Dmitri Peskov, a dénoncé le « caractère anti-russe fortement prononcé » du sommet de l’Alliance, au sein duquel la « Russie est perçue comme un ennemi ». Il a ajouté que la Russie surveillait de près les tractations à Vilnius afin d’adapter sa posture en conséquence.
« La Chine a d’autres intérêts stratégiques qui ne sont pas les nôtres »
Le sommet de Vilnius a également été l’occasion d’aborder d’autres enjeux sécuritaires à travers le monde, dont ceux liés à la région indopacifique. Selon le président tchèque, la Chine « n’est pas en position d’ennemi », mais constitue un « enjeu sécuritaire pour l’avenir » : « Il est clair que la Chine a un ensemble de valeurs différent de celui des pays démocratiques. Elle a d’autres intérêts stratégiques qui ne sont pas compatibles avec les nôtres. »
En marge du sommet, Petr Pavel a aussi eu l’occasion de s’entretenir avec les Premiers ministres japonais et norvégien. Le président a indiqué à cet égard que la « Norvège [était] un partenaire précieux, non seulement dans le domaine de l’écologie ou de l’énergie, mais aussi dans la protection du flanc nord de l’OTAN. »