« Pour apprendre le tchèque, j’ai parlé avec des gens dans des bars »

Etienne Carrez à Vila Štvanice

Français de 32 ans originaire de Franche-Comté, Etienne Carrez est arrivé à Prague, où il avait des amis, il y a sept ou huit ans, « par hasard ». Après plusieurs visites de plus en plus fréquentes, il s’est vu proposer un travail – et il est resté. Au micro de Radio Prague International, Etienne a parlé de son travail à l’association d’aide aux femmes et personnes transsexuelles sans-abri Jako doma ainsi que de son apprentissage autodidacte du tchèque. Il a également évoqué ses goûts musicaux éclectiques, entre scène électro, fanfare et tubes populaires. Mais tout d’abord, il est revenu sur ces amitiés qui lui ont permis de découvrir la Tchéquie.

« La première raison pour laquelle je suis venu, c’était pour des amis tchèques du Lycée français. Des Tchèques francophones connus en France, par des connaissances, ou en voyage... Et au fur et à mesure, j’ai évolué dans un milieu uniquement tchèque. »

Où travaillez-vous actuellement ?

« Je travaille à Jako doma, une ONG qui travaille avec des femmes tchèques en situation de précarité. J’ai rejoint cette association il y a deux ans. Jako doma a plusieurs projets, dont ce qu’on a appelé les ‘hôtels Covid’. Ce sont des hôtels qui ont été ouvert au début de l’épidémie de Covid-19 pour héberger les personnes sans domicile fixe. Jako doma avait une expérience en ce domaine, puisque l’association travaille majoritairement avec des femmes et des personnes trans en République tchèque. L’association Jako doma a donc été convoquée pour ce projet, puis s’est chargé de la gestion de l’un de ces hôtels. »

Et comme l’association avait besoin de renfort, vous avez commencé à y travailler…

« Exactement. »

Etienne Carrez devant son camion,  avec des membres de l'association Jako doma | Photo: Anaïs Raimbault,  Radio Prague Int.

Qu’aimez-vous faire dans votre temps libre ?

« Beaucoup de musique, et beaucoup d’organisation d’événements musicaux et liés aux tatouages, parce que ça m’intéresse. J’organise des concerts, des événements de musique électronique, aussi. Le prochain évènement à venir, c’est un coin à tatouage que je dois organiser au Cross Club, dans le cadre d’un festival qui aura lieu mi-septembre. »

Qu’appréciez-vous de la vie à Prague et en République tchèque ? Qu’est-ce qui vous fait rester ici ?

« C’est difficile à dire… Ici, je trouve toujours facilement du travail, les gens sont accueillants et je trouve que c’est un pays facile à vivre : la vie et les mentalités sont sympathiques. Et puis, c’est un pays situé au centre de l’Europe, ce qui est donc pratique pour voyager dans toutes les directions. Le pays est joli, et j’aime beaucoup le climat : je n’aime pas quand il fait trop chaud, j’aime bien la pluie… Et j’aime bien la bière, évidemment ! »

Inspiratio - Změna

Qu’avez-vous visité de la République tchèque ?

« D’abord, Prague, qui est une ville très jolie. Et puis j’ai également travaillé dans les Monts des Géants. La région de Karlovy Vary et le sud de la Bohême sont également très jolis. En revanche, je connais moins bien la Moravie. »

Y-a-t-il quelque chose que vous n’appréciez pas ici – dans le quotidien, les gens, la gastronomie… ?

« J’aime beaucoup la gastronomie tchèque, mais je trouve que les produits sont de mauvaise qualité, et il y a beaucoup de produits industriels que je n’aime pas forcément. Je dirais que c’est un point négatif. Mais je ne parle pas de gastronomie en soit, car j’aime beaucoup la nourriture tchèque ! Je trouve les recettes très bonnes, en général – même si je ne mange pas énormément de cochon ni autre viande, étant donné que je vis avec beaucoup de végétariens. Mais j’aime quand même les ‘uzeniny’, la charcuterie !

Villa Štvanice | Photo: Táňa Zabloudilová,  ČRo

Vous m’avez donné rendez-vous sur l’île pragoise de Štvanice, à côté du café-bar-lieu culturel Vila Štvanice. Pourquoi avoir choisi cet endroit ?

« D’abord parce que c’est un endroit neutre, alors que moi je vais souvent dans des endroits pas si neutres que ça. Et puis j’aime être en extérieur, le long de la Vltava. La vue y est belle, et à Vila Štvanice, on rencontre souvent des gens sympas. Pour l’après-midi, c’est un endroit agréable. »

« Je viens d’ailleurs souvent sur l’île de Štvanice, à Fuchs ou Bike Jesus [deux lieux culturels alternatifs, ndlr]. Mais là, c’est plutôt pour y faire la fête. »

Apprendre le tchèque, était-ce pour vous une évidence ?

« Oui, car pour habiter dans un pays, mieux vaut en parler la langue, je trouve ! Pour le travail, c’était nécessaire, en quelque sorte… Et puis j’habite avec beaucoup de Tchèques, dont certains ne parlent pas anglais. »

Pour apprendre, avez-vous pris des cours ? acheté un manuel ?

Etienne Carrez à Vila Štvanice | Photo: Anaïs Raimbault,  Radio Prague Int.

« Ni l’un ni l’autre ! Je suis allé dans des bars et j’ai commencé à parler à des gens. Et puis j’habite avec une vingtaine de personnes, dans un milieu où tout le monde parle tchèque, ce qui facilite l’apprentissage. J’entends donc le tchèque au quotidien. »

« Au travail, j’étais obligé de parler tchèque. Parmi les populations de personnes sans domicile fixe, et notamment les personnes âgées, personne ne parle anglais, ni aucune langue étrangère. D’autant qu’il s’agit souvent de personnes issues de milieux défavorisés. »

Vous souvenez-vous du premier mot tchèque vous avez appris à votre arrivée en Tchéquie ?

« Très franchement, je crois que c’était ‘pivo’ (‘bière’). Pas très original, mais utile ! »

Quels sont les mots tchèques que vous aimez particulièrement ?

'Podpantoflák' | Photo illustrative: Radio Prague Int.

« ‘Podpantoflák’ ! Mais je ne saurais pas dire pourquoi. Littéralement, cela veut dire ‘sous la pantoufle’, mais au sens figuré, ce mot désigne un homme soumis à l’autorité de sa compagne ou de sa conjointe. Ou peut-être de son conjoint… »

Et y-a-t-il des mots tchèques que vous n’aimez pas ?

« Pas particulièrement… Mais il y a des mots difficiles à prononcer, des mots avec beaucoup de ‘ř’. ‘Řeřicha’, par exemple, qui désigne le cresson.

PSH - Podpantoflák ft. Roman Holý

Pour améliorer votre tchèque, lisez-vous ? Utilisez-vous les médias ?

« En tchèque, je lis uniquement les informations. Pas de poésie, pas de romans, car c’est trop compliqué pour moi. Et puis je trouve le tchèque parlé et le tchèque écrit un peu différents. Mais je lis régulièrement les médias, oui, même si c’est beaucoup plus facile depuis l’arrivée des smartphones, qui traduisent directement. Mais cela m’arrive de faire un effort et de lire la version tchèque. »

« Je lis principalement [le journal indépendant en ligne] A2arm, que j’aime beaucoup, même si c’est plus difficile à lire… Ce n’est pas [le quotidien gratuit] Metro, c’est sûr ! »

Quelle musique tchèque écoutez-vous ?

« J’évolue essentiellement dans un milieu punk et techno ; ce ne sont pas des genres de musique écoutés par tout le monde… Mais je collectionne aussi beaucoup de vinyles, et je comment à en avoir beaucoup de ‘dechovka’, de musique populaire… Moi ça me fait rire, j’aime beaucoup de chansons de ‘dechovka’, dont une en particulier, que j’ai entendue une fois sur Radio Karlovy Vary, où ils passent beaucoup de ‘dechovka’, mais je ne l’ai jamais retrouvée… Je vais la chanter ; peut-être qu’un auditeur pourra me donner le nom de cette chanson ? ‘My máme dneska šťastný den, pijeme pivo jako křen…’ »

Jako doma

« Sinon, à la maison, nous avons notre propre association – un groupement de DJ qui organisons beaucoup d’événements de musique, essentiellement techno. Et puis j’ai beaucoup de copains dans des groupes punk tchèques. Ceux qui aiment le punk tchèque connaîtront : Slavery, Inspiratio, Scheiss Böhmen… Mais je n’écoute pas leur musique sur Internet ; c’est surtout aux concerts que je vais. »

SCHEISS BÖHMEN - Amíkova svatozář [21-jun-2011]

« Il y a aussi une chanson que j’aime et que je déteste à la fois : ‘Žít jako kaskadér’. Les auditeurs connaîtront forcément ! »

Extraits musicaux entendus dans cet entretien :

« Amíkova svatozář » de Scheiss Böhmen

« Změna » de Inspiratio

« Podpantoflák » de PSH feat. Roman Holý

« Jako doma » du Dechový orchestr Gramofonových závodů

« Žít jako kaskadér » de Dalibor Janda

Dalibor Janda - "Žít jako kaskadér" - videoklip (Hitšaráda 1985) [HD 1080p @ 50fps]

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