Presse : l’intérêt des Tchèques pour des achats immobiliers à l’étranger en hausse

Cette nouvelle revue de presse fait d’abord état de l’intérêt accru des Tchèques pour l’achat de biens immobiliers à l’étranger. L’affaiblissement de l’euroscepticisme tchèque à la lumière de la présidence tchèque du Conseil de l’Europe est un autre sujet abordé. Quelques observations ensuite sur la crise de la gauche en Tchéquie et en Europe centrale. Enfin, un rappel de l’admiration portée par le public tchèque au metteur en scène britannique Peter Brook, décédé début juillet. 

Les Tchèques achètent plus que jamais des biens immobiliers à l’étranger. D’après l’Association des caisses d’épargne du bâtiment, il y aurait jusqu’à 30% des ménages tchèques dont les revenus dépassent 60 000 couronnes par mois (l’équivalent de près de 2 400 euros) qui envisagent une telle démarche. C’est ce que rapporte un texte publié sur le site aktualne.cz qui se penche sur les différentes motivations de cet intérêt :

« La Croatie, l’Espagne, l’Autriche et l’Italie sont les principales destinations des Tchèques qui cherchent une maison ou un appartement dans un pays étranger. Cette tendance est devenue marquante pendant la pandémie de coronavirus, pour s’approfondir avec l’augmentation de l’inflation qui se situe autour de 16% et qui est en Tchéquie une des plus élevées à l’échelle européenne. Par ailleurs, l’achat d’un appartement à l’étranger coûte d’habitude moins cher que celui d’une résidence secondaire à la campagne ou d’un chalet en Tchéquie. »

C’est aussi la guerre en Ukraine qui a renforcé le goût des Tchèques pour des biens immobiliers à l’extérieur du pays. Les agences immobilières citées dans l’article confirment que leurs clients cherchent ainsi à se protéger du danger de la propagation du conflit à d’autres pays. En outre, d’après ce que celles-ci confirment, pour plus d’un Tchèque, un bien immobilier à l’étranger constitue tout simplement une alternative à la « chalupa » tchèque.

L’euroscepticisme tchèque s’affaiblit

La politique tchèque est toujours en chemin vers l’Europe bien que l’euroscepticisme en Tchéquie ait tendance à s’amoindrir. L’auteur de ce constat dressé dans le quotidien économique Hospodářské noviny a rappelé les racines de la réticence des Tchèques à l’égard de l’Union européenne :

Photo illustrative: Mediamodifier,  Pixabay,  Pixabay License

« La demande d’adhésion de la République tchèque à l’Union européenne avait été soumise par l’ancien président tchèque Václav Klaus. Les positions eurosceptiques dont il est devenu le principal défenseur ont dominé au fur et à mesure l’espace public. Il n’y avait à l’époque personne à disposer d’un poids politique et médiatique comparable pour pouvoir s’y opposer et pour plaider en faveur de l’appartenance tchèque à l’UE et encore moins pour défendre l’idée de la communauté européenne ».

Cette situation a changé. Pourtant, comme l’indique le commentateur, au début de la deuxième présidence du Conseil de l’Union européenne, il n’y a sur la scène politique locale personne qui serait à même de défendre l’idée de l’Europe unie avec une telle envergure et une telle véhémence. Or, bien qu’affaibli, l’euroscepticisme tchèque demeure plus prononcé que dans les autres pays membres. L’agence Eurobaromètre révèle que, comparé à la moyenne européenne qui se situe autour de 65%, il n’y a que près de 54 % des Tchèques qui considèrent l’appartenance du pays à l’Union européenne comme une bonne chose. Le ton du texte publié dans Hospodářské est pourtant optimiste :

« Cette présidence et tout ce qui l’accompagne va influencer la perception de l’appartenance à l’Union européenne. En outre, la pandémie, la guerre en Ukraine et la crise énergétique sont des moments clés qui permettent aux Tchèques d’apprécier sa force et ses avantages. »

La présidence tchèque face à des scénarios imprévisibles

Toujours en rapport avec la présidence tchèque du Conseil de l’Europe, le quotidien Deník a souligné :

Photo: Josef Vostárek,  ČTK

« En ce moment, les priorités de la présidence tchèque paraissent évidentes. Il s’agit en premier lieu d’assurer à l’Union européenne suffisamment de gaz et d’énergie pour l’hiver et d’aider l’Ukraine afin qu’elle puisse rejeter l’agression russe. Mais on ne saurait exclure à l’avenir des scénarios imprévisibles, dans le sens positif et négatif du terme. Qui aurait imaginé, il y a quelque six mois seulement, les problèmes liés à l’agression russe et à ses conséquences. Pour cette raison, il faudra des approches résolues, rapides et rationnelles. Le rôle qui incombe à la Tchéquie à la tête de l’Europe exigera plus de forces qu’on ne le croit. »

Les six mois à venir constitueront un immense défi. Le problème, selon le chroniqueur de Deník, c’est que l’on ne sait pas encore quelle sera son ampleur et en quoi il consistera. « Mais si la Tchéquie l’affronte avec succès, le pays en sortira très renforcé. Il se peut que les Tchèques finiront par devenir des Européens authentiques », indique-t-il.

En Tchéquie et en Europe centrale la gauche se meurt

Les pays de l’Europe centrale, dites postcommunistes, sont habitués à souligner qu’au bout de plus de trois décennies de leurs transformations politique et économique, ils représentent des démocraties standard. Pourtant, d’après ce que prétend l’auteur d’un commentaire publié dans une récente édition du quotidien Deník N, « le caractère et la répartition de leurs principales forces politiques prouvent qu’ils demeurent éloignés de ce qui est courant dans les démocraties occidentales ». Son argument s’appuie entre autres sur la situation de la gauche dans les quatre pays réunis au sein du groupe de Visegrad :

Photo illustrative: geralt,  Pixabay,  CC0 1.0 DEED

« Les dernières élections législatives en Tchéquie ont apporté un grand échec aux deux traditionnels partis de gauche, le Parti communiste de Bohême et de Moravie et le Parti social-démocrate, qui ne sont plus représentés au Parlement. Cette chute a achevé le processus de la dégradation de la gauche dans la région. Tandis qu’en Pologne, en Hongrie et en Slovaquie, les nouveaux partis de gauche avaient pris naissance par le biais de la transformation des partis communistes, la politique tchèque après l’année 1989 a connu la restauration de la social-démocratie. Notre pays était donc le seul à avoir la chance de posséder une gauche démocratique pareille à celle que l’on connaît en Occident. Il n’en a pourtant rien été car tous les essais visant à réformer et à moderniser le Parti social-démocrate tchèque ont échoué. ».

Ainsi, l’Europe centrale est en manque de partis de gauche à caractère social-démocrate qui représenteraient une alternative tant à la droite qu’au populisme nationaliste ou oligarchique. « L’absence de la gauche déforme également le fonctionnement de la droite qui, elle aussi, porte des marques négatives de l’héritage postcommuniste », écrit le commentateur.

Le metteur en scène Peter Brook a été très admiré à Prague

Le quotidien Lidové noviny a publié dans son édition de ce jeudi une nécrologie du metteur en scène britannique Peter Brook, décédé le 2 juillet. « Un des plus grands créateurs et novateurs du théâtre du XXe siècle », selon la critique de théâtre du journal qui a saisi l’occasion pour rappeler certains points qui liaient cette légende du théâtre mondial à Prague :

Peter Brook | Photo: YouTube

« C’est peu après la chute du Mur de Berlin, en été 1991, que Peter Brook, très admiré par le public tchèque, est venu à Prague pour présenter devant la salle comble du Palais de la culture son film-épos Mahábhárata. En pleine europhorie postrévolutionnaire, le public le percevait comme une véritable apparition. Les témoins quant à eux se souvenaient de la création du Roi Lear par laquelle Peter Brook avaient ébloui en 1964 les spectateurs à Prague. »

Sa présence dans l’ancienne Tchécoslovaquie ayant été interdite après l’écrasement du Printemps de Prague en 1968, Peter Brook a marqué un grand retour dans le pays après la chute du régime communiste. La dernière en date des productions qu’il y a successivement présentées, c’était Le Grand Inquisiteur d’après Les Frères Karamazov de Dostoïevski.