Quand une journaliste présente aux Tchèques « sa » Bruxelles
Aux yeux de beaucoup de Tchèques, Bruxelles est avant tout la capitale européenne. Une ville-cliché, qui serait grise et monotone, de fonctionnaires en costume-cravate. Mais beaucoup aussi oublient que Bruxelles reste d'abord la capitale d’un pays, la Belgique, qui a inspiré de nombreux artistes. Une ville dont le multiculturalisme fait la richesse. Et c’est cette Bruxelles-là, moins connue, que Kateřina Farná a voulu faire découvrir aux Tchèques à travers un livre qui est une invitation à sortir des sentiers battus.
« Bonjour, je m’appelle Kateřina Farná et je suis journaliste… Enchantée ! »
Kateřina Farná ne nous en a malheureusement pas dit davantage en français. Mais cela ne l’a pas empêché de nous en dire beaucoup sur sa vie bruxelloise et son livre « Jak jsem potkala Brusel » - littéralement « Comment j’ai rencontré Bruxelles », sorti à l’automne dernier.
Ancienne correspondante du quotidien tchèque Právo dans la capitale européenne, aujourd’hui mère de deux enfants, Kateřina Farná a écrit bien plus qu’un simple guide sur une ville dont beaucoup de Tchèques conservent une idée erronée :
« L’image de ville administrative ennuyeuse et grise est complètement fausse. Des gens tout à fait ordinaires qui ont les mêmes soucis que partout ailleurs vivent à Bruxelles. En tant que journaliste et jeune mère, j’ai découvert une ville dans laquelle on ne parle pas seulement français ou flamand, mais où on entend une langue différente pratiquement à chaque coin de rue et où vivent des gens originaires de tous les pays du monde. Il a fallu que j’apprenne à me débrouiller dans ce melting-pot culturel et, venant de Prague, cela a été une expérience personnelle fascinante. Bruxelles est une ville où chaque rue a une odeur différente. Ce que je raconte dans ce livre, c’est donc la vie quotidienne d’une femme ordinaire dans une ville à laquelle il lui a fallu s’adapter pour pouvoir y trouver son bonheur et où le respect de la culture de l’autre est essentiel pour pouvoir y vivre. »C’est pourtant la culture et le mode de vie bruxellois en tant que tels que Kateřina Farná présente d’abord dans son livre. Et si l’on y trouve des chapitres consacrés à des sujets inévitables dès lors qu’il s’agit de la Belgique et de sa capitale comme l’art-nouveau, l’Expo 58, la bande dessinée, les Schtroumpfs, la bière, les frites ou même les terroristes, l’auteure a tenu à aller au-delà des lieux communs et à ne pas s’arrêter à une certaine image d’Epinal :
« La principale mission pour moi en tant qu’auteure n’était pas de combler un trou sur le marché de l’édition parce que l’on ne parle pas là d’un guide touristique classique, même si certains passages sont consacrés à des attractions touristiques et que le livre peut être utile aux touristes. Mon but était vraiment de présenter la vie à Bruxelles sous ses multiples aspects. C’est pourquoi je parle non seulement de culture, de sport, de nourriture, un peu de politique, mais aussi par exemple des visites chez le médecin, des crèches pour les enfants, des impôts, des embouteillages ou de ce que c’est que d’être une Bruxelloise ou plutôt une femme à Bruxelles. C’est un livre qui s’adresse aux gens qui s’intéressent à ce qui passe ailleurs que chez eux et, à la limite, peu importe même qu’il s’agisse de Bruxelles. Ce que je leur propose, c’est un regard personnel sur un environnement de vie qui est extrêmement compliqué pour beaucoup de Tchèques mais aussi extrêmement intéressant. »Longtemps, Kateřina Farná a tenu un blog intitulé « Le geai bruxellois » (https://medium.com/bruselska-sojka) sur lequel elle livrait ses diverses expériences, impressions et découvertes. Un blog sur lequel elle parlait aussi bien de l’endive – ou plutôt le chicon comme diraient les Belges francophones – et du chou de Bruxelles que des Diables rouges, d’un Noël passé à déguster des huitres, des urinoirs publics (ou « pisoáry » comme disent les Tchèques) ou encore des vols courants de vélos.
Aux yeux de quelques critiques, ce méli-mélo que l’on retrouve dans le livre serait aussi son point faible. Mais ceux qui connaissent la vraie Bruxelles et savent faire abstraction de sa météo – qui ne serait de toute façon qu’une affaire mentale selon ses habitants –, ne manqueront certainement pas d’apprécier.