Un avenir incertain pour les deux Tchèques emprisonnés à Cuba

Jan Bubenik et Ivan Pilip

Deux citoyens tchèques sont toujours en prison, à Cuba. Aucune preuve n'a été fournie par les autorités cubaines pour démontrer ce dont on les accuse. La Tchéquie intensifie ses activités diplomatiques. Informations par Alain Slivinsky.

La police politique cubaine recherche des preuves contre les deux Tchèques arrêtés, jeudi dernier, et emprisonnés depuis. Elle a soumis à des interrogatoires sévères deux dissidents qui ont justement rencontré le député Ivan Pilip et Jan Bubenik. L'objectif était clair : les forcer à faire des aveux qui permettraient de condamner ces deux citoyens tchèques pour espionnage. Manque de chance, la Radio tchèque a réussi à enregistrer la déclaration commune de Roberto Valvidia du Comité cubain pour les droits de l'homme, et d'Antonio Femenias, un journaliste de l'opposition :

« Nous déclarons publiquement que, le 11 janvier de cette année, nous avons reçu la visite d'Ivan Pilip et de Jan Bubenik, qui ne se sont pas présentés comme des représentants d'une organisation cubaine d'opposition en exile, mais comme des personnes qui s'intéressent à la situation des citoyens cubains qui ne sont pas d'accord avec le gouvernement communiste cubain. Pendant notre entretien, nous avons parlé des questions d'ordre général concernant la situation politique et économique de notre pays et de la République tchèque. En aucun cas, ils ne nous ont remis des instructions sur nos activités. Nous ne les aurions pas acceptées, car nous ne sommes au service de personne, mais au service de notre peuple, selon le meilleur de notre conscience. Nous n'avons reçu d'eux aucune aide financière ou matérielle. Même si cela en avait été le cas, ce n'est pas un délit. L'arrestation des citoyens tchèques, Ivan Pilip et Jan Bubenik, tout comme la volonté de les faire passer en justice, ne sont pas fondées sur une base juridique, et il faut les libérer. Nous répéterons cette opinion devant n'importe quelle institution, car nous voulons que soit respecter notre droit de recevoir des personnes honorables, afin d'avoir des échanges d'opinion avec elles ».

De son côté, le ministère tchèque des Affaires étrangères intensifie ses activités diplomatiques. Les autorités cubaines ont tenté de renvoyer les notes de protestation du ministère... Une pratique inhabituelle. La Tchéquie a donc fait appel aux pays de l'Union européenne et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Le chef de la diplomatie tchèque compte sur l'aide de l'Espagne, du Mexique et d'autres pays. La Slovaquie a été sollicité, car elle entretient de bonnes relations avec Cuba. Sa réponse est positive. D'autres institutions s'engagent, comme le clergé catholique comptant sur l'aide de Jean-Paul II, ou le président de la République. Jusqu'à quand le régime de Fidel Castro fera-t-il durer le cauchemar des familles et proches d'Ivan Pilip et Jan Bubenik ?

En attendant le dénouement de cette affaire, on peut non seulement lire dans les journaux tchèques des analyses détaillées de la situation, mais aussi voir des photos de famille d'Ivan Pilip, ex-ministre des Finances. Elles le présentent comme un mari comblé et père heureux de trois enfants d'âge préscolaire.