Vaclav Havel sur les pages de l'hebdomadaire Respekt

Vaclav Havel

Il faut défendre le droit à la pensée critique. Tout ce qui relève de l'orgueil peut constituer un danger. Vaclav Havel développe ces idées sur les pages du prestigieux quotidien tchèque, Respekt. Alena Gebertova l'a lu pour vous.

Vaclav Havel, qui fêtera dans quelques jours ses 65 ans, estime que la tragédie de Manhattan invite à une réflexion sur notre monde. L'ordre établi peut déboucher sur une catastrophe, dit-il. L'évolution de la civilisation est, d'après lui, multiforme, ambiguë et dangereuse. D'où la nécessité de s'interroger sur les principaux défis qui se présentent aujourd'hui. Vaclav Havel défend à corps perdu le droit de l'homme libre de réfléchir sur les contextes particuliers et surprenants des phénomènes existants. C'est pour lui plus qu'un droit, c'est un devoir. Dans ce contexte, il déplore lourdement les voix qui, en République tchèque, s'opposent à tout esprit critique. Parmi les personnes qui personnifient pour lui ces tendances, il cite Vaclav Klaus, président de la Chambre des députés et leader de l'ODS, premier parti de droite, actuellement dans l'opposition. Le Président tchèque dit, je cite : « On assiste à une antipathie à l'égard de toute idée critique. C'est comme si

Vaclav Klaus
celle-ci voulait soutenir les terroristes. Je trouve cela dangereux. L'attaque a été menée contre la liberté de l'homme. Comment donc peut-on réprimander quelqu'un, au nom de cette même liberté, pour une expression libre ? », s'interroge Havel. Il s'exprime ainsi à propos de récents reproches aigus de Vaclav Klaus, à l'adresse de certains intellectuels tchèques qui, dans des débats télévisés ou dans la presse, offraient un regard nuancé et décapant sur les événements. La réaction de Vaclav Klaus n'a pas tardé. Il ne dénonce pas la critique de Havel en tant que telle - j'y suis habitué déjà, dit-il - mais la forme qu'elle a prise. Et d'ajouter - j'aime les arguments, point les dénonciations... On parle ouvertement en République tchèque, depuis des années, tantôt de la rivalité tantôt de positions inconciliables entre Vaclav Havel et Vaclav Klaus, deux figures marquantes de la scène politique postcommuniste tchèque. Ils semblent écrire un nouveau chapitre dans un feuilleton qui n'en finit pas...