VZLUSat-2, le nouveau satellite tchèque au-dessus de nos têtes
Un nouveau nanosatellite tchèque a été mis en orbite le 13 janvier, avec l’ambition, à terme, de faire de la République tchèque un acteur autonome de l’industrie spatiale. Pour l’instant, il recensera les rayonnements ionisants et détectera les rayons gamma.
En même temps qu’une centaine d’autres satellites, le satellite tchèque VZLUSat-2 a décollé la semaine dernière de Cap Canaveral, en Floride, à bord de la fusée Falcon 9 de SpaceX. Contenu dans une boîte de dimensions 30 X 10 X 10 cm, d’une masse de 4 kg environ, VZLUSat-2 est le neuvième satellite tchèque.
Ce nouveau nanosatellite contient de nombreux appareils et dispositifs conçus par différentes entreprises et universités tchèques. Sa mission principale est, en fait, de mettre à l’épreuve et de tester la résistance des technologies qu’il transporte, et ce en vue d’une constellation de quatre satellites tchèques qui devrait être fonctionnelle en 2030. Juraj Dudáš, de l’Institut de recherche et d’essais aéronautiques de Prague, qui est l’origine du satellite, explique l’objectif ultime du projet :
« Ce satellite vise à développer des technologies que nous utiliserons sur nos satellites futurs. Notre objectif est de développer un satellite entièrement tchèque, intégralement fabriqué à partir de composants faits en République tchèque, et opéré depuis la République tchèque, de façon à être autonome en matière de données satellitaires, sans dépendre d’autres entités ou d’autres pays. Ainsi nous pourrons obtenir nos propres données satellitaires, et nous n’aurons pas besoin d’acheter celles des grandes entités internationales. »
Deux des appareils transportés par VZLUSat-2 méritent que l’on y accorde un peu d’attention.
Tout d’abord, le nouveau nanosatellite tchèque contient un détecteur de particules 2SD développé par la faculté d’ingénierie nucléaire et physique de l’université technique de Prague (ČVUT). Ce détecteur a pour fonction de cartographier la météo spatiale et les rayonnements ionisants en orbite. Un détecteur de particules 2SD est déjà présent en orbite ; il y avait été placé par la fusée russe Soyouz en 2019. Cependant, à la différence de son prédécesseur, ce nouveau détecteur 2SD devrait permettre de déterminer la direction du vol et l’énergie des particules – et non « seulement » d’en mesurer le nombre et de les identifier individuellement. Plus concrètement, comme l’a expliqué Michal Marčišovský, de la ČVUT, à iDnes.cz, si tous les satellites contenant des données sensibles étaient équipés de ce genre de détecteur, il serait possible de les faire pivoter (les satellites) en temps réel, de façon à limiter leur exposition aux rayons ionisants. Et ainsi à mieux protéger les données sensibles.
Le satellite VZLUSat-2 contient également deux détecteurs de rayons gamma mis au point par des experts de l’Institut de physique théorique et d’astrophysique de la Faculté des sciences de l’Université Masaryk de Brno. Ces détecteurs collectent des données qui devraient, à terme, permettre de localiser l’origine des sursauts gamma, des phénomènes caractérisés par des bouffées de photons gamma apparaissant de manière brève et aléatoire dans le ciel. Ces phénomènes lumineux seraient provoqués soit par des fusions d’étoiles à neutrons, soit par l’effondrement gravitationnel d’une étoile géante. Ces détecteurs de rayons gamma sont le résultat du travail d’une équipe hongroise, tchèque et japonaise. Un premier détecteur avait déjà été envoyé en mars 2021 ; à terme, les scientifiques prévoient de construire une flotte de ces détecteurs qui devrait progressivement couvrir l’ensemble du ciel.
Interrogé par Forbes.cz, Josef Kašpar, de l’Institut de recherche et d’essais aéronautiques, a expliqué que le choix de l’Américain Space X en tant que « transporteur » du nanosatellite tchèque est le résultat de considérations temporelles et économiques : s’il aurait fallu attendre jusqu’à deux ans pour un voyage dans l’espace avec l’Agence spatiale européenne ou ses équivalents russe ou indien, il a pu avoir lieu en neuf mois seulement avec Space X. Quant au coût de l’opération, il revient à environ deux millions de couronnes (80 000 euros) pour le lancement seul. La construction du satellite à proprement parler s’est élevée à environ 20 millions de couronnes (800 000 euros).
Si le décollage de la fusée et la mise en orbite du satellite tchèque et des autres satellites se sont déroulé sans problème, il faut cependant encore patienter avant que le satellite VZLUSAT-2 ne soit complètement fonctionnel : d’ici une dizaine de jours, il sera libéré de la construction dans laquelle il se trouve actuellement, et il se mettra alors à émettre des « bip » sonores, signes que les appareils expérimentaux contenus dans le nanosatellite se sont mis en marche. Juraj Dudáš, de l’Institut de recherche et d’essais aéronautiques, a entièrement confiance dans le succès de cette opération. Tout comme il est convaincu que la République tchèque a bien sa place parmi les grands acteurs de l’industrie spatiale :
« Le secteur est en train de s’ouvrir, et nous sommes déjà expérimentés. Nous sommes capables de réaliser des projets de grande envergure, nous sommes en mesure de participer à des projets de l’Agence spatiale européenne, nous sommes au même niveau que les autres partenaires, et nous ne voulons pas manquer le coche. Nous voulons partager nos compétences et notre expérience avec le reste du monde, car l’industrie spatiale se développe extrêmement rapidement, et nous voulons en faire partie. »