Czechia, Tchéquie, Chequia… : « Ne m’appelez plus jamais République tchèque »

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La République tchèque veut désormais utiliser à l’international la variante courte de son nom, un nom en un seul mot : Česko » en tchèque, qui correspondra à Czechia en anglais et à Tchéquie dans la langue préférée des auditeurs de Radio Prague. Les dirigeants tchèques, réunis ce jeudi au château de Prague, se sont mis d’accord pour demander à l’ONU d’inscrire cet intitulé dans sa base de données. La décision, motivée par la volonté d’adopter une forme nominale plus simple comme la plupart des pays du monde, fait débat en Tchéquie/République tchèque.

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Déjà à l’automne 2013 le président Miloš Zeman, durant une visite en Israël, avait réussi à faire parler de lui en recommandant l’usage du terme Czechia plutôt que la forme longue, reconnue par l’ONU, de Czech Republic. La question n’est donc pas nouvelle et elle est même bien antérieure à cette anecdote. Mais le moment est donc venu de passer à l’action ; tel en a en tous cas décidé ce jeudi 15 avril le chef de l’Etat, en compagnie du chef du gouvernement, de plusieurs ministres et des présidents des deux chambres de l’Assemblée. Après l’entrevue, le chef de la diplomatie tchèque Lubomír Zaorálek a commenté :

« Le ministère des Affaires étrangères va commencer à travailler sur ce point pour propager l’information et pour modifier la base de données de l’ONU. Il s’agit d’avoir un intitulé qui soit incontestable, d’éviter les déformations et les altérations sont nous sommes malheureusement souvent les témoins. Je pense que l’affaire sera régler en quelques semaines, au maximum d’ici deux ou trois mois. »

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Dans cette base de données, tous les Etats sont enregistrés selon leur nom officiel et ils peuvent également y ajouter leur nom géographique, plus bref, le tout traduit dans les six langues officielles des Nations-Unies, à savoir l’anglais, le français, l’arabe, le chinois, le russe et l’espagnol. La Tchéquie était jusqu’à présent répertoriée selon son seul intitulé constitutionnel, la République tchèque, dont l’usage restera par ailleurs tout à fait correct.

A titre d’exemple, après la partition de la Tchécoslovaquie, l’entité slovaque a pris pour nom officiel la République slovaque mais c’est son nom géographique, Slovaquie, qui est utilisée par l’ONU. Par ailleurs, historiquement, le territoire actuel de la République tchèque correspond aux pays tchèques - České země, souvent désignés sous le vocable de Česko -, qui rassemblent la Moravie, une partie de la Silésie et la Bohême, dont le nom tchèque est Čechy...

Dans la sphère politique comme ailleurs dans la société tchèque, les réactions sont diverses, souvent en fonction des affinités personnelles de chacun. Pour les uns, ce changement est indolore, voire souhaitable. Cela est vrai par exemple dans le monde du sport, même si les équipes nationales de hockey ou de football arborent actuellement sur leurs maillots ou survêtements le mot « Czech ». Faute de temps, ce sera encore le cas pour les athlètes tchèques qui participeront aux Jeux olympiques de Rio.

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Pour d’autres au contraire, cette décision ne serait pas du tout opportune, d’abord en raison du coût de ce changement et surtout à cause du risque d’une confusion des genres. Après le double-attentat contre le marathon de Boston en avril 2013, commis par deux frères d’origine tchétchènes, certains Américains mal avisés avaient ainsi blâmé à tort les Tchèques sur les réseaux sociaux après un embrouillamini malheureux entre Tchéquie et Tchétchénie (Czechia et Chechnya en anglais). Pour une raison proche, le ministre des Finances Andrej Babiš n’est pas vraiment séduit par la nouveauté :

« Ce n’est clairement pas une bonne idée. Je pense que nous sommes partout connus sous le nom de République tchèque. Ceux qui nous sont les plus éloignés nous appellent même encore Tchécoslovaquie et nous sommes la ‘Czech Republic’. »

Le ministre marque sans doute un point : vingt-trois ans après la partition de la Tchécoslovaquie et la disparition de ce pays, il n’est pas rare d’entendre encore ce nom dans la bouche de personnes peu familières de la situation géopolitique centre-européenne. Avec le lancement du site internet www.go-czechia.cz, qui répertorie toutes les bonnes raisons d’opter pour la nouvelle appellation, le ministère des Affaires étrangères prend les devants pour convaincre les réticents qu’ils sont bien « from Czechia ».