La police secrète communiste ne sera plus secrète

Jusqu'à présent, le secret des dossiers de la police secrète communiste (StB), a été défendu avec bec et ongle. Jeudi, les députés ont franchi le premier pas dans le sens de la levée du secret sur cette partie du passé national. Omar Mounir.

Anciens officiers et anciens agents de la police secrète communiste ont certainement dû, pour beaucoup, mal dormir dans la nuit de jeudi à vendredi. Les députés ne voient plus de raison pour que l'activité de ces officiers et ces agents, sous le régime communiste, bénéficie du secret d'Etat. Il faudrait préciser que cette levée du secret n'est pas une première. Le secret est déjà levé depuis plusieurs années sur ces dossiers, mais seulement au profit des intéressés et des services de l'Institut de documentation et d'enquête sur les crimes du communisme. L'innovation consiste à passer d'une levée partielle à une levée générale du secret. N'importe quel citoyen tchèque majeur pourrait sans doute bientôt accéder, s'il le désire, à n'importe quel dossier.

On a du mal à deviner l'ampleur des retombées que l'ouverture de ces archives pourrait faire. Journalistes, chercheurs, personnes persécutées par le régime communiste et curieux viendront, chacun à sa façon, savourer les délices de la découverte. Celle du secret d'autrui. D'aucuns pour glaner des informations à sensation, d'autres pour rédiger des brûlots, d'autres encore pour régler d'anciens comptes. Beaucoup de scandales en perspective. Les partisans de cette ouverture rappellent que le but de ces agents était de défendre le régime communiste, par la pression, la persécution, la torture et la violation des droits de l'homme.

L'on comprend aisément que ce projet de loi, initiative du Sénat, ait été négocié à coups d'interruptions des séances et, à la Chambre, dans une ambiance explosive. Au risque de défoncer des portes ouvertes, disons que les communistes sont contre. Les sociaux-démocrates parlent de violation des droits de l'homme. Et les services secrets formulent des réserves.

Auteur: Omar Mounir
lancer la lecture