Les Vendredis pour l’avenir ou le conflit de deux regards sur le monde

Photo: ČTK/AP/K.M. Chaudary

Cette nouvelle revue de presse s’intéresse d’abord à l’aspect générationnel du mouvement Vendredis pour l’avenir. Elle informe ensuite d’un sondage effectué dans l’ancienne région des Sudètes. Les interrogations liées à la prochaine fête nationale du 28 octobre et le débat sur l’absence des femmes tchèques dans la vie publique sont deux autres sujets traités. Quelques mots, enfin, au sujet de l’ électromobilité en Tchéquie.

Photo: ČTK/AP/K.M. Chaudary
« Il n’est guère étonnant que les phrases vagues auxquels nombre de politiciens du monde entier ont recours au lieu de prendre des démarche radicales pour affronter les changements climatiques rapides alimentent le mouvement mondial Vendredis pour l’avenir » : c’est avec ces termes que le commentateur du journal Deník N amorce son texte, dans lequel il replace ce constat dans un contexte plus large :

« Nous sommes les témoins d’un conflit de principes de deux regards sur le monde. D’un côté, il y la majorité des politiciens mondiaux (pour la plupart des hommes d’âge moyen ou avancé), qui suivent les impératifs de la croissance économique et qui calment le public en prétendant que les dégâts écologiques, fruit des performances grandissantes de la civilisation industrielle, ne sont pas alarmants au point de justifier la panique. de l’autre côté, on voit ‘les enfants’ (terme que les politiciens et les commentateurs conservateurs n’hésitent pas à utiliser en parlant de la jeunesse qui manifeste) qui avertissent que tant que des démarches radicales ne seront pas prises, ils auront à lutter, à l’âge adulte, pour leur simple survie ».

Le commentateur souligne que la polémique sur le fait que cet alarmisme est déplacé – ou non – est superflue. Une chose est certaine, c’est qu’avec le mouvement Vendredis pour l’avenir, on voit naître un nouveau type d’activisme à caractère mondial, qui va au-delà des frontières nationales. Un autre point spécifique est, selon lui, également à retenir :

« Ce mouvement ne pourrait pas proliférer sans l’impact global des médias, des réseaux sociaux et des technologies numériques. Si les critiques se moquent de ses protagonistes sous prétexte qu’ils ont tendance à laisser libre cours à leurs émotions et que les solutions rationnelles sont du ressort des plus ‘chevronnés’, il est évident qu’il ne s’agit pas d’une révolte banale mais d’un mouvement traduisant l’angoisse existentielle de toute une génération, et qui a dès lors un caractère clairement générationnel. Une situation qui risque de s’envenimer et de déboucher sur un grave conflit de génération. »

70 ans après le transfert des Allemands, les Sudètes font l’objet d’une étude

Sudètes
Les retombées du transfert, après la Deuxième Guerre mondiale, de près de 2 millions d’Allemands des Sudètes, sur la vie des communes situées dans ces régions limitrophes, fait l’objet d’une étude réalisée par des scientifiques de l’Université Masaryk de Brno. À ce propos, le quotidien économique Hospodářské noviny de ce mercredi a précisé :

« Avant la guerre, les Allemands ethniques formaient, dans la majorité des communes situées dans les Sudètes, la majeure partie de la population. Par ailleurs, autour de l’an 1930, les Allemands représentaient environ 30% de l’ensemble de la population de l’ancienne Tchécoslovaquie, ce nombre étant réduit, au lendemain du transfert, à 2%. Le nombre de Tchèques ayant occupé les maisons abandonnées est évalué à près de 2 millions ».

En se référant aux résultats de l’étude, le journal rapporte que même 70 ans après, les effets du transfert se font toujours sentir dans les anciennes Sudètes :

« Les nouveaux-venus et leur progéniture habitant les communes jadis désertées n’arrivent pas facilement à établir des liens sociaux, ils peinent à organiser des activités et des événements en commun qui leur permettraient de se rencontrer. Nombreux ignorent même les noms de ceux qu’ils ont comme voisins. L’histoire locale, qui a disparu avec le départ des Allemands, ne les intéresse guère, ce qui a également un impact sur l’entretien des monuments. De même, les rappels ou les signes de l’ancienne présence des Allemands, dans ces régions où la langue allemande était fréquente, sont presque inexistants. »

Selon le quotidien Hospodářské noviny, l’absence de liens sociaux est la principale cause de la volonté qu’ont beaucoup de jeunes de déménager et d’aller vivre ailleurs.

Attentes et inquiétudes liées à la prochaine fête du 28 octobre

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
La remise des médailles et des distinctions au Château de Prague représente, traditionnellement, le point culminant des cérémonies liées à la fête nationale du 28 octobre. D’après ce que souligne l’édition de ce jeudi du quotidien Mladá fronta Dnes, il semblerait qu’à l’instar des années précédentes, cet acte suscitera cette année encore un fort émoi. Il explique pourquoi :

« Cette année, Miloš Zeman avait à choisir parmi près de 300 propositions soumises par les députés et les sénateurs. A ce jour, deux noms sèment la plus grande controverse : ceux du réalisateur serbe Emir Kusturica et du prêtre catholique tchèque Petr Piťha. Ancien étudiant à la faculté de cinéma FAMU à Prague – dont il est l’un des diplômé les plus célèbres – et auteur de films très appréciés en Tchéquie et ailleurs, le cinéaste serbe est à la fois connu pour son respect pour le président russe, ‘un homme formidable’ selon lui, ou pour son approbation de l’annexion de la Crimée. Le prêtre concerné, quant à lui, s’est fait remarquer l’année dernière par un prêche à la cathédrale Saint-Guy et par des propos ultra-conservateurs dénoncés par certains comme homophobes. Cependant, deux noms proposés sur la liste des médaillés et des décorés feront en revanche très probablement l’unanimité : ceux de l’unique pilote vivant de la RAF, Emil Boček, ainsi que du hockeyeur Jaromír Jágr. »

Interrogés par le journal, plusieurs députés ont fait savoir qu’ils allaient s’abstenir à la cérémonie. Parmi eux, la députée ODS Miroslava Němcová qui, l’année dernière, avait quitté la salle pendant le discours présidentiel en signe de protestation. Certains recteurs des universités envisagent également de ne pas se présenter.

La faible présence des femmes dans la vie publique, on en discute... enfin

Photo: ČTK/Vít Šimánek
L’annonce de parution fin octobre d’un ouvrage qui présente des personnalités contemporaines marquantes et exclusivement masculines n’a fait que jeter de l’huile sur le feu dans le débat sur la faible présence des femmes tchèques dans l’espace public. C’est ce que constate la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt :

« A l’heure actuelle, ce débat se déroule en Tchéquie tant sur les réseaux sociaux que dans des médias classiques. Depuis quelques mois, les efforts redoublent pour expliquer et trouver les causes de l’absence des femmes dans la vie publique tchèque. Ces questions sont ravivées en parallèle des dates historiques importantes et des événements et débats qui les accompagnent. A une époque marquée par des protestations civiques et des cahots sur la scène politique, cette disproportion saute aux yeux de façon particulièrement flagrante. »

Pour illustrer la situation, le magazine cite également un récent recueil d’essais qui dresse le bilan des dernières années dans le pays et qui donne la parole à seize hommes et à une femme seulement. Et il poursuit :

« Il y a également d’autres domaines dans lesquels les voix féminines ne se front que très peu entendre. Lors des protestations organisées par l’association Un million de moments pour la démocratie, par exemple, les femmes ne figurent que rarement parmi les orateurs. Les femmes ne participent pas aux débats sur les questions politiques et sociales, même lorsqu’il s’agit de ceux au cœur de leurs intérêts. »

Le déséquilibre des genres concerne également, toujours selon Respekt, les médias. Un constat qui vient d’être confirmé par un sondage effectué par l’agence Fokus, qui a analysé la pluralité et l’équilibre d’une station de la radio publique tchèque. Aux dires de l’auteur de l’étude, il n’y a pourtant pas lieu de croire que ce sont « des hommes méchants qui empêchent les femmes de se faire valoir dans l’espace publique » et qu’il s’agit d’« une contestation machiste des femmes ».

L’état actuel témoigne plutôt de la solidité dont jouissent en Tchéquie les modèles culturels, qui n’ont guère changé ces trente dernières années.

L’électromobilité en Tchéquie

Citigo iV,  photo: Škoda Auto
L’usine automobile Škoda Auto est favorable au développement de l’électromobilité. C’est ce dont fait part le quotidien Lidové noviny de ce mercredi, qui a précisé à ce propos :

« L’intérêt pour le premier véhicule électromobile de l’usine Škoda Auto, Citigo iV, est important, car des centaines de personnes en ont déjà fait la commande. Avec son prix de 430 000 couronnes (près de 17 200 euros), ce qui est raisonnable même pour ceux pour qui l’électromobile serait inaccessible, il représente le véhicule électromobile le moins cher sur le marché local. Ses premiers modèles seront fournis aux clients en janvier 2020. Parmi eux, on trouve notamment des particuliers, qui l’achètent comme deuxième ou troisième véhicule familial, ou des entreprises ».

A l’heure actuelle, la part des électromobiles sur le marché local est très faible, ne représentant que 0,3%.