L’élection présidentielle américaine dans les médias tchèques
Cette nouvelle revue de la presse tchèque de la semaine écoulée se penche d’abord sur deux sujets de l’actualité internationale : l’élection présidentielle aux Etats-Unis et les récentes attaques terroristes, à Vienne notamment. Une réaction également à la décision du président français Emmanuel Macron d’intensifier la lutte contre le radicalisme islamiste. Evidemment, elle s’intéresse aussi à la propagation de la pandémie de coronavirus et à ses possibles retombées sur les fêtes de Noël.
« Même s’il faut encore attendre quelques jours pour connaître le résultat définitif de l’élection présidentielle américaine, on peut d’ores et déjà désigner un de ses grands vainqueurs », constate le quotidien économique Hospodářské noviny selon qui :
« Le principal vainqueur est la démocratie américaine. Cent millions d’électeurs ont voté avant même l’ouverture des bureaux de vote. Peu importe alors qui sera finalement élu. Ce taux de participation élevé fait entrer cette élection dans l’histoire. Elle marque la victoire de la société civique sur laquelle doit reposer toute démocratie digne de ce nom. »
Le commentateur du site echo24.cz désigne pour sa part « les premiers perdants connus » qui, selon lui, sont les agences d’enquête et la légitimité du système électoral:
« Le système a amené l’Amérique au bord d’une longue bataille juridique, soulevant chez beaucoup les craintes d’une reprise des violences. Il faut espérer que ceux qui défendent chez nous le vote par correspondance, comprennent que c’est une invention qui ne tient pas compte de la résistance de la démocratie et de ses limites. »
« Quand pourra-t-on dire que le résultat de l’élection présidentielle américaine est satisfaisant ? », s’interroge l’hebdomadaire Respekt, qui indique :
« L’Amérique d’aujourd’hui est divisée et en colère. L’élection présidentielle se tient dans une atmosphère que l’on n’est pas habitué à relier aux démocraties développées. Ce dont elle a besoin est évident. L’enjeu est de cesser de creuser les fossés et d’approfondir les animosités mutuelles. Cette élection en offre une bonne occasion. Le pire résultat serait la victoire du candidat qui obtiendrait la minorité des suffrages. Le meilleur, en revanche, serait la victoire d’un candidat enclin à chercher des consensus, à apaiser les tensions et à calmer la situation. »
Tous ceux qui envisagent la finale de l’élection présidentielle américaine comme un match sportif, doivent être déçus, car la nuit électorale n’a pas débouché sur une catharsis. C’est du moins ce qu’estime le quotidien Lidové noviny :
« Le vainqueur sera connu lorsque le dépouillement des votes par correspondance sera achevé. Mais il se peut que ce soit à la Cour suprême de trancher. Ce serait une mauvaise nouvelle pour les admirateurs de la démocratie anglo-saxonne, car elle affaiblirait la foi en la puissance des lois non écrites et des us et coutumes qui veulent que les gagnants et les perdants se respectent et agissent en gentlemen. »
Toujours en rapport avec cette élection présidentielle américaine, le quotidien Mladá fronta Dnes rappelle qu’il y a quatre ans, le président de la République tchèque Miloš Zeman a été un des rares dirigeants européens à avoir soutenu Donald Trump :
« Le président tchèque a adressé au président américain nouvellement élu une lettre de félicitations dans laquelle il s’est moqué des mauvais pronostics des médias et des sondages. Il lui a fait savoir par la même occasion que certains journalistes le surnommaient ‘le Trump tchèque’, une étiquette qu’il ‘appréciait’. Miloš Zeman n’a pourtant ensuite jamais été invité à la Maison Blanche comme il l’espérait. »
Lorsque le terrorisme frappe à Vienne
« Les terroristes ont attaqué les valeurs européennes que nous sommes appelés, en commun avec les musulmans, à défendre. » Tel était le titre d’un texte publié dans le quotidien Deník en lien avec les récentes attaques perpétrées d’abord en France puis, quelques jours plus tard, à Vienne. S’agissant de la triste « première » que la capitale autrichienne a connue, l’auteur remarque :
« Vienne est une ville située non loin de la frontière avec la République tchèque. Une ville foncièrement différente du reste de l’Autriche, ainsi que de Prague. C’est une métropole mondiale dans laquelle des centaines de milliers d’immigrés ont trouvé refuge. Les Tchèques ont d’ailleurs été parmi les premiers à s’y installer en grand nombre il y a près d’un siècle. L’attentat dans le centre de Vienne doit être perçu comme une attaque contre tout ce que la capitale autrichienne symbolise : la tolérance et le multiculturalisme. »
« Pour que l’Europe demeure un continent ouvert et tolérant, vaincre le terrorisme dans toutes ses formes apparaît comme une tâche commune aux chrétiens, aux juifs, aux musulmans ou aux gens sans confession », souligne le commentateur de Deník en conclusion.
Le site hlídacípes.org constate que Vienne a perdu son étiquette de « ville dans laquelle les terroristes ne frappent pas ». Cela dit, la question n’était pas de savoir ’si’ mais plutôt ‘quand’ une attaque allait se produire :
« Pendant que les terroristes commettaient leurs tueries à Paris, à Berlin, à Nice, à Manchester et dans d’autres villes européennes, Vienne était épargnée. Avec près de deux millions d’habitants, la capitale autrichienne apparaissait, jusqu’à l’attaque de lundi, comme un îlot de paix. Certes, elle s’en remettra, mais sa cote symbolique appartient désormais au passé. »
Terrorisme ou radicalisme islamiste ?
L’habitude qu’ont les civilisations occidentales de parler de lutte contre le terrorisme n’est pas juste. C’est ce que prétend l’auteur d’un texte publié dans le quotidien Lidové noviny, qui salue la volonté du président français Emmanuel Macron de « rompre la barrière en appelant les choses par leurs vrais noms après les dernières attaques terroristes et en dénonçant le radicalisme islamiste, le séparatisme et le fanatisme ». Il écrit aussi :
« En même temps, Emmanuel Macron défend les valeurs et les principes de la République, la liberté d’expression, la tolérance religieuse et celle à l’égard de la critique, la variété. L’approche du président français est audacieuse, car elle risque d’être mal comprise par une partie importante de la population de son pays et de nuire aux relations de la France avec les pays musulmans. »
La question, toujours selon Lidové noviny, est désormais de savoir si Emmanuel Macron arrivera à briser les glaces en Europe occidentale ou s’il restera isolé avec son initiative.
Covid-19 : marché du travail, Noël, écoles...
Les différents aspects de la pandémie de coronavirus et de ses retombées continuent de dominer l’actualité politique tchèque. Le quotidien Hospodářské noviny, par exemple, note à ce propos :
« Le Covid influence le marché du travail qui va connaître sa plus grande transformation de ces dix dernières années. Des dizaines de milliers de Tchèques risquent de perdre leur emploi et seront obligés de changer de métier. Cela concerne en premier lieu le secteur du tourisme. »
A une cinquantaine de jours de Noël, le commentateur du magazine Reflex se demande, lui, en quoi les fêtes les plus appréciées des Tchèques seront différentes de celles des années précédentes :
« Cette année, les fêtes de Noël seront plus sobres que d’habitude pour ce qui est de la quantité et de la valeur des cadeaux. Les sondages révèlent que près d’un cinquième des Tchèques prévoient de dépenser moins que l’année dernière. On peut également s’attendre à une organisation très limitée d’événements culturels, de société et religieux. Très incertaine est la tenue des traditionnelles messes de minuit, toujours très fréquentées. En revanche, la tradition de la vente de carpes vivantes dans la rue pourrait être maintenue. »
Lorsque le moment du déconfinement en Tchéquie viendra, les écoles qui sont actuellement fermées devront en profiter les premières. C’est ce qu’estime le site Aktualne.cz :
« Evidemment, les critères épidémiologiques sont prioritaires dans notre situation. Mais en ce qui concerne la fermeture des écoles, il faut également tenir compte des retombées négatives de l’enseignement en ligne, qui sont d’ordre social, psychologique, économique et éducatif. »